Gérard Dalongeville, a été condamné lundi par le tribunal correctionnel de Béthune (Pas-de-Calais) à une peine de quatre ans de prison, dont trois ferme, et à 50 000 euros d’amende pour détournements de fonds publics. Il a d'ores et déjà indiqué qu'il faisait appel.
Cette condamnation, si elle est au-delà des réquisitions du procureur -qui avait demandé le 10 juin quatre ans de prison, dont deux ferme, et 50.000 euros d'amende- n'empêchera pas M. Dalongeville d'être candidat aux prochaines municipales dans son ancienne ville, comme il l'a toujours dit.
Il a déclaré, peu après le prononcé du jugement, qu'il fera appel de cette décision de justice, comme il le peut dans un délai de dix jours, et cet appel est suspensif.
"D'ores et déjà, nous avons fait appel", a confirmé M. Dalongeville lors d'une conférence de presse, déclarant qu'il "poursuivra(it) (...) cette recherche, cette quête de la vérité" et confirmant sa candidature à Hénin-Beaumont, lors des prochaines municipales. Pour lui, il est "clair" que cette décision de justice "est lourde de conséquences parce qu'il faut absolument (me) faire taire".
Maire de 2001 à 2009, Gérard Dalongeville était poursuivi pour 18 détournements de fonds publics, 11 délits de favoritisme, 6 usages de faux et une corruption passive. Le tribunal a requalifié certains faits et l'a relaxé pour d'autres. M. Dalongeville était soupçonné d'avoir mis en place avec Claude Chopin, son ancien premier adjoint chargé des finances, et l'homme d'affaires Guy Mollet, un système de fausses factures entre 2006 et avril 2009, au bénéfice de sociétés qui n'ont jamais honoré les prestations correspondantes.
M. Chopin a été condamné à trois ans de prison, dont un ferme, à 30.000 euros d'amende et à cinq ans d'inéligibilité. M. Mollet a quant à lui été condamné à quatre ans d'emprisonnement, dont trois ferme, et 5.000 euros d'amende. Dix-sept autres prévenus ont été condamnés à des peines allant de deux mois de prison avec sursis à un an d'emprisonnement ferme, un dix-huitième a été relaxé de tous les faits qui lui étaient reprochés.
Une ville convoitée par le FN
"Pour nous, cette décision de justice est une satisfaction car la ville d'Hénin-Beaumont a été spoliée", a réagi Steeve Briois, candidat du Front national aux municipales de 2014 à Hénin-Beaumont, commune d'un arrondissement du bassin minier que la présidente du FN Marine Le Pen a failli ravir lors des dernières élections législatives."Voler les habitants pauvres d'Hénin-Beaumont, (...) c'est quelque chose de profondément malhonnête. A (la) place (de M. Dalongeville), plutôt
que de mener une campagne, je commencerais par rembourser", a ajouté M. Briois.
Le tribunal a par ailleurs rejeté l'exception de nullité soulevée par Me Terquem, qui estimait que des "aspects" du dossier avaient été "masqués" volontairement par le procureur, dont les accusations de financement occulte de la fédération PS du Pas-de-Calais formulées par son client, et avait demandé l'annulation de l'ordonnance de renvoi.
Selon Gérard Dalongeville, l'argent de la commune d'Hénin-Beaumont avait été détourné par son ancien adjoint, Claude Chopin, au profit du Parti socialiste, mais il n'en a pas apporté la preuve lors du procès, qui s'est tenu du 27 mai au 14 juin.
Il avait réclamé, sans succès, que le président François Hollande vienne témoigner à la barre, estimant que l'ex-premier secrétaire du PS ne pouvait pas "ne pas savoir". "Il fallait construire à Béthune une affaire que beaucoup d'entre vous ont appelé l'affaire Dalongeville et faire en sorte qu'on ne parle
pas du Parti socialiste", a estimé M. Dalongeville devant les journalistes lundi.
L'ouverture d'une information judiciaire contre X le 28 juin par le parquet de Lille sur des faits de corruption présumée au sein de la fédération est "bien la preuve que M. Dalongeville avait raison", avait déclaré à l'AFP son avocat, Me Terquem, s'attendant à la "relaxe" de son client.
"La justice est passée, elle a travaillé en toute indépendance, nous nous félicitons de sa décision", a réagi le PS par la voix de son porte-parole David Assouline, interrogé par l'AFP.
Elu maire (divers gauche) en 2001, Gérard Dalongeville avait été mis en examen en avril 2009, puis révoqué en Conseil des ministres et exclu du Parti socialiste, qui l'avait réintégré après sa réélection face à Marine Le Pen (FN). Il a passé près de neuf mois en détention provisoire.