Mélenchon contre Le Pen : deux jours avant le procès, retour sur l'affaire du "faux tract"

Le tribunal correctionnel de Béthune (Pas-de-Calais) doit se pencher jeudi sur l'affaire du "faux tract" de Jean-Luc Mélenchon distribué par le Front national lors de la campagne des législatives de mai 2012, dans laquelle est citée la présidente du FN, Marine Le Pen.

Dans cette procédure par citation directe déjà reportée à plusieurs reprises, Jean-Luc Mélenchon, co-dirigeant du Front de gauche, accuse Marine Le Pen et deux membres de son entourage d'avoir pris part à la distribution de tracts, relevant selon lui de la "fausse propagande", en violation du code électoral. Il aurait identifié les trois accusés sur des photos prises par ses propres militants.

"Votons Mélenchon", dans un arabe approximatif


Fin mai 2012, les équipes de Mme Le Pen avaient distribué un tract comportant la photo de M. Mélenchon et reproduisant l'une de ses phrases prononcées lors d'un discours à Marseille le 14 avril précédent : "Il n'y a pas d'avenir pour la France sans les Arabes et les Berbères du Maghreb".

Mais le tract serait vicié par son fond vert, couleur de l'islam, et surtout la mention "Votons Mélenchon", traduite dans un arabe approximatif


Marine Le Pen risque l'inéligibilité


La présidente du Front national est citée à comparaître pour "manoeuvre frauduleuse" et publication d'un montage sans le consentement de l'intéressé, des délits passibles d'un an d'emprisonnement et de 15.000 euros d'amende, ainsi que d'une peine complémentaire de privation des droits civiques, autrement dit d'inéligibilité.

Pour Me Raquel Garrido, avocate de Jean-Luc Mélenchon, "une peine d'inéligibilité serait conforme à la nature du délit, un délit électoral, un délit de mensonge aux citoyens à quelques jours d'un scrutin".

Une "magouille" qui aurait "faussé" les résultats des législatives ?


"Il ne peut pas y avoir d'impunité. [...] Ce que montrent les attestations que produit Jean-Luc Mélenchon, c'est que les résultats du premier tour ont pu être profondément modifiés par cette fausse campagne. On est bien là dans une magouille qui consiste à fausser, à forcer la main des électeurs", a estimé Me Garrido.

Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen s'étaient affrontés lors d'un scrutin épique, dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, dont le leader du Parti de gauche et candidat du Front de gauche avait été éliminé au 1er tour. Le socialiste Philippe Kemel l'avait emporté d'un cheveu au second tour, face à Mme Le Pen.

"Aucune preuve", pour la défense


Marine Le Pen a déjà dit "assumer" ce "coup de communication politique" et dénoncé les "pleurnicheries de chochotte" de son opposant.


Mais aujourd'hui devant la justice, la défense est plus rigide : "A ma connaissance, il n'existe aucune preuve de la participation des personnes qu'il (Jean-Luc Mélenchon) a citées à une éventuelle infraction", répond Me Wallerand de Saint-Just, avocat de Mme Le Pen.

"La particularité du dossier est que M. Mélenchon a choisi la voie de la citation directe, donc c'est à lui à apporter un dossier de preuves convaincantes au tribunal et, pour le moment, son dossier est entièrement vide", a-t-il ajouté.

Ni Le Pen, ni Mélenchon, à l'audience ?


Marine Le Pen ne sera pas présente à cette audience, a déjà indiqué son avocat. Mais concernant Jean-Luc Mélenchon, sa venue dépendrait de la réception de l'enquête préliminaire du commissariat de Lens, qui se fait attendre.

"L'affaire est partie au commissariat de Lens. Comme ils n'ont pas réagi rapidement, Jean-Luc Mélenchon a préféré procéder par citation directe (qui permet à la victime de saisir directement le tribunal, en versant une somme d'argent, la consignation, ndlr)", a rappelé Me Garrido. "C'est la moindre des choses qu'on puisse débattre avec l'ensemble des éléments. Or je n'ai toujours pas ce dossier et, dans la mesure où le procès a lieu jeudi, les services (de police) nous mettent dans une difficulté", a-t-elle déploré.


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