Le conseil de prud'hommes de Roubaix (Nord) a annulé vendredi les licenciements de quelque 60 ex-salariés des espaces boutiques 3 Suisses et
condamné le groupe à leur payer des dommages et intérêts, un jugement dont il fera appel.
Les prud'hommes ont prononcé la nullité du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) de 3 Suisses France de décembre 2011, ainsi que la nullité des licenciements pour motif économique des anciens salariés, et condamné solidairement 3 Suisses France, 3 Suisses International et la société Commerce BtoC à verser des indemnités pour licenciements nuls, selon le jugement consulté par l'AFP.
"C'est la sanction la plus sévère que l'on pouvait avoir. C'était le jugement que nous demandions d'obtenir", s'est réjoui auprès de l'AFP Me Fiodor Rilov, l'avocat des plaignants, essentiellement des femmes.
Les difficultés de 3 Suisses France ne sont pas remises en cause.
"Les difficultés de 3 Suisses France ne sont pas remises en cause. Ce ne sont pas les licenciements qui sont annulés. Le conseil a estimé qu'on aurait pu gérer différemment le PSE et en conséquence on doit dédommager les salariés", a au contraire affirmé le porte-parole du groupe.
"Le juge a estimé qu'en matière de reclassement, nous n'avions pas fait assez, donc nous sommes condamnés à payer des dommages et intérêts aux 66 ex-salariés, allant de 12.800 à 155.000 euros", a-t-il déclaré à l'AFP. Le groupe a été condamné à verser "en moyenne entre 15.000 et 20.000 euros, et
à quatre personnes autour ou plus de 100.000 euros", a détaillé le porte-parole.
149 employés licenciés
Estimant que la maison-mère allemande de 3 Suisses France, le groupe allemand de vente en ligne Otto, était responsable des licenciements qui avaient suivi la fermeture des espaces boutiques en janvier 2012, Me Rilov avait demandé aux prud'hommes de le condamner, mais la maison-mère a été mise hors de cause par les prud'hommes.
Au total, 149 employés avaient été licenciés lors de la fermeture des 35 Espaces 3 Suisses en France, qui marquait la volonté du groupe 3 Suisses International, dont le siège se trouve dans le Nord, de se recentrer sur la vente par internet.
Le 6 juin, le conseil de prud'hommes de Roubaix avait débouté de ses demandes une ancienne salariée. "Ce jugement donnait totalement raison à 3 Suisses, alors que les arguments (de la défense) étaient les mêmes. Aujourd'hui (vendredi), nous avons un jugement opposé. On demande évidemment à la cour d'appel de bien vouloir nous dire le droit", a annoncé à l'AFP le groupe.3 Suisses.