Dix ans après la création de la "journée de solidarité", le lundi de Pentecôte reste chômé pour la majorité des salariés, cette journée de travail non rémunérée, qui doit rapporter 2,46 milliards d'euros en 2014, étant depuis plusieurs années organisée "à la carte".
Créée par la loi du 30 juin 2004, en réaction à la canicule meurtrière de 2003, la journée de solidarité, destinée à améliorer la prise en charge des personnes âgées, avait initialement été fixée au lundi de Pentecôte.
Mais depuis 2008, les employeurs peuvent organiser cette journée comme ils le souhaitent. Certains optent pour la suppression d'un jour de congé ou de RTT, et certaines entreprises en font cadeau à leurs salariés.
Sur la base d'une étude menée à partir des demandes d'intérimaires dans son réseau national, le groupe Randstad estime que "seuls 20 à 30%" des salariés travailleraient ce lundi.
La majorité des groupes industriels seront à l'arrêt, et dans le BTP l'activité sera faible, selon cette étude. Les entreprises de logistique tirent aussi généralement le rideau, en raison d'une interdiction administrative visant le transport routier ce jour-là.
Commerces ouverts, transports en commun au ralenti
Les commerces devraient être ouverts mais les transports en commun fonctionneront au ralenti, comme chaque jour férié, sauf pour Transpole (métropole lilloise) qui programme davantage de bus, métro et tramway qu'un jour férié traditionnel. Dans un sondage Ifop à paraître dans Dimanche Ouest France (réalisé auprès de 619 salariés actifs), seuls 23% des salariés déclarent qu'ils se rendront au travail lundi, une hausse de 6 points par rapport à un précédent sondage en 2010, mais loin des 44% de 2005.
Quels effets ?
Selon la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), la journée de solidarité aura rapporté en dix ans près de 23,5 milliards d'euros, dont 2,41 milliards en 2013 (+0,8%) et 2,46 milliards prévus cette année.
Elles servent par exemple à recruter du personnel pour les maisons de retraite et structures spécialisées, à y financer des travaux de modernisation ou encore à financer des heures d'aide à domicile.
Une journée qui continue de faire débat
La CFTC, pour qui "tout travail mérite salaire", a écrit au nouveau ministre du Travail, François Rebsamen, pour lui demander de mettre fin à une "injustice".
Le syndicat a rappelé dans un communiqué qu'il couvrait par un mot d'ordre de grève "tous les salariés qui choisiraient de ne pas travailler ce lundi
de Pentecôte ou tout autre jour imposé par leur employeur sous le couvert d'une fausse solidarité".
Mardi, le gouvernement a présenté en conseil des ministres un projet de loi sur l'autonomie des personnes âgées, centré sur le maintien à domicile, qui sera financé par les 645 millions d'euros par an provenant d'une taxe sur les pensions des retraités imposables (la Casa), instaurée en 2013. Ce texte doit être débattu au Parlement "à la rentrée".
La deuxième étape de la réforme, qui doit porter sur les maisons de retraite, avait été promise par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault pour "la seconde moitié du quinquennat".
Mais son calendrier "dépendra du redressement des comptes publics", a précisé la nouvelle secrétaire d'Etat aux personnes âgées, Laurence Rossignol.