Orchestre national de Lille : Jean-Claude Casadesus, 79 ans, prend du recul en douceur

Jean-Claude Casadesus, directeur tout puissant de l'Orchestre national de Lille (ONL) qu'il a bâti depuis 40 ans, veut passer en douceur le relais à une autre génération afin d'assurer l'avenir de son grand oeuvre.

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"J'aurai 80 ans en décembre 2015. Personne ne m'a cependant demandé de partir. Je suis en pleine forme, et dirige dans le monde entier. La maison est saine. La nouvelle salle de concert (inaugurée en 2013) a une acoustique merveilleuse", assure le chef d'orchestre dans un entretien à l'AFP.

Alors pourquoi devancer l'appel? "J'ai l'esprit de responsabilité. Je pense à la survie, à la pérennité" de l'ONL, répond-il. La transition est déjà engagée, avec la mise en place progressive d'un nouvel organigramme. Nommé au printemps, un directeur général, François Bou, 54 ans, revenu de Barcelone,
où "il a remis sur pied l'orchestre à un moment difficile en Espagne", s'occupera de la gestion de l'ONL dès octobre.

"Dans une période aussi compliquée et incertaine, il fallait se tourner vers quelqu'un d'expérience, aux qualités avérées, et qui connaisse la maison et le Nord/Pas-de-Calais", assure Jean-Claude Casadesus, avec qui M. Bou a travaillé au début des années 2000. L'autre poste à combler, c'est celui de directeur musical. Le processus est lancé: "Nous entendons des chefs d'orchestre et nous consultons les musiciens" de l'ONL "dans l'esprit de concertation qui y a toujours prévalu". Il n'en dira pas plus pour l'instant sur les candidats.
 

Le long chemin à la tête de l'ONL

"100 ans, c'est passé si vite, comme dit ma maman", la comédienne Gisèle Casadesus, qui vient d'écrire sur le siècle qu'elle a vécu, observe-t-il avec le sourire. Mais, en moins de 40 années, quel long chemin parcouru à la tête de l'ONL! A son arrivée en avril 1975 à Lille, la situation était nettement plus trouble et plus difficile qu'aujourd'hui, en dépit des risques actuels de réduction des subsides. La survie pure et simple de la formation était alors en jeu.
"Le ministre de la Culture de l'époque, Michel Guy, m'avait proposé, alors que j'étais directeur adjoint de l'orchestre philharmonique des Pays de Loire, de terminer le contrat d'un orchestre destiné à disparaître, celui de Lille. J'ai relevé le challenge", raconte-t-il.

"Les musiciens, désespérés, étaient en grève. Et l'ont continuée jusqu'au 16 juin 1975, deux mois jour pour jour après mon arrivée, quand ils ont accepté des concerts d'après-midi destinés aux enfants". "On est alors parti de rien. Personne ne croyait en notre avenir. Avec l'appui du maire, Pierre Mauroy, nous avons pu convaincre les élus régionaux et l'Etat de porter le projet musical que je proposais: celui de faire accéder le plus grand nombre à la musique". "De 33 à nos débuts, le nombre de musiciens, moi compris, est aujourd'hui de 100. Et nous nous sommes produits dans une trentaine de pays".
"Mauroy m'avait dit: +donne au Nord, il te le rendra+. La région a effectivement contribué pour une large part à mon accomplissement artistique
et humain
", dit-il.
 

Chef fondateur

L'aventure pour le célèbre chef d'orchestre ne s'arrête cependant pas là. "Je ne coupe pas mes liens avec la région. Intermittent du spectacle, je suis
payé au cachet depuis janvier 2014 et il est prévu qu'après l'arrivée de mon successeur, je serai reconnu comme "chef fondateur" et me produirai encore plusieurs fois par an avec l'ONL
". En attendant, il se rend avec l'ONL pour la quatrième fois en Chine, dans le cadre des célébrations du 50e anniversaire de l'établissement de liens diplomatiques entre la Chine de Mao et la France de De Gaulle.

Au programme des trois concerts donnés du 19 au 21 septembre à Shanghai et deux villes du Jiangsu voisin, Changzhou et Yangzhou, la 1ère symphonie du compositeur français Henri Dutilleux, récemment disparu. Première oeuvre enregistrée par l'ONL -en 1978-, elle lui avait valu le Grand Prix de l'Académie Charles Cros.
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