Quatre étudiants de l'école des hautes études commerciales (Edhec) de Lille ont été mis en examen, soupçonnés d'avoir participé au bizutage d'un étudiant en octobre 2013, lors duquel ce dernier s'est gravement blessé.
Les quatre étudiants ont été mis en examen le 15 juillet dernier pour bizutage, a indiqué une source judiciaire, confirmant une information du quotidien Aujourd'hui en France. Le bizutage, "c'est la qualification qui a été retenue mais elle est contestée devant la cour d'appel de Douai, puisque j'ai déposé une requête en nullité", a prévenu Me Eddy Arneton, avocat d'un des étudiants mis en examen dans ce dossier.
Il "conteste" surtout le statut de partie civile de l'Edhec dans ce dossier, qui n'a selon lui "aucun sens": "Je considère qu'on ne peut pas qualifier les faits
de bizutage, mais dès lors qu'on rentre dans cette qualification-là, je ne vois pas pourquoi on laisserait une partie en dehors du champ de ces qualifications", a déclaré à l'AFP Me Arneton, pour qui l'école serait "bien évidemment" responsable, si les faits étaient constitués.
Un jeune de 20 ans gravement blessé
Dans la nuit du 17 au 18 octobre, lors d'une "soirée d'intégration" de l'association Course-croisière Edhec, qui organise chaque année une prestigieuse course de voile, un jeune homme de 20 ans et huit autres étudiants de première année avaient été bizutés, selon des sources concordantes. En état d'ivresse avancé, et incapable de suivre les autres étudiants en discothèque où se poursuivait la soirée, le jeune homme était resté sur place. Il s'était endormi sous la surveillance d'un autre élève avant d'être trouvé aux alentours de 04H30 du matin gisant dans la cour de la maison, et transporté à l'hôpital.La victime avait fait une chute de plusieurs mètres, après être vraisemblablement tombée d'une fenêtre, entraînant un trauma crânien et de multiples fractures. Si elle a sanctionné six étudiants dans cette affaire, prononçant notamment deux exclusions définitives avec sursis probatoire à l'encontre d'étudiants de deuxième année, l'école s'est toujours refusée cependant à parler de bizutage, évoquant des "comportements répréhensibles au regard du règlement intérieur de l'école". Elle affirme que "tous les étudiants présents, nouveaux et anciens, ont absolument démenti toute obligation à boire pendant la soirée, et tout acte d'humiliation ou dégradant". Tout comme l'Edhec, l'étudiant victime s'est également constitué partie civile dans cette affaire.
Cette année, "l'intégration" ne se passe plus du tout sous les mêmes modalités et les soirées ont désormais lieu à l'intérieur du campus à Croix.
Y-a-t-il eu bizutage ?
Le Parisien publie ce mardi matin de nombreux extraits des auditions des étudiants de l'EDHEC. On apprend notamment que les 15 participants de la soirée avaient une bouteille de 50cl scotchée dans une main (mélange de vodka, pastis et rhum). Etaient-ils obligés de la boire ? "J'ai ressenti une forte incitation, raconte un étudiant. Je ne voulais pas décevoir et jouer le jeu." Les étudiants ont également dû faire la rond, pantalon baissé et en caleçon.Les élèves de 2ème année ne voient pas grand chose à redire : "Je n'ai pas considéré ces situations comme humiliantes. D'abord parce que moi je les avais vécues en 1ère année. (...) L'objectif est de faire passer le message : vous avez intégré la meilleure association de l'école. (...) J'ai l'impression d'avoir juste fait une soirée étudiante alcoolisée comme les autres."
Le Parisien affirme également que l'instruction de cette affaire a permis de mettre en lumière d'autres pratiques pendant le week-end d'intégration de l'association "Course-croisière Edhec", notamment pendant le voyage en bus : "Faire le trajet tête baissée, sans parler, être soumis au cours des arrêts à un ensemble d'exercices physiques, recevoir un tee-shirt mentionnant des surnoms dans des modalités qu'on peut qualifier de dégradantes, recevoir un ensemble de punitions collectives, se retrouver obligé de boire de l'alcool avec un pistolet à eau tête levée les yeux fermés. (...) A titre de sanction, devoir embrasser un poisson". Là encore, beaucoup ne trouvent pas grand chose à redire : "Moi, ça m'a amusé", dit l'un des étudiants "bizuté".