Pour s'être élevée contre les exactions des jihadistes de l'Etat islamique (EI), dans une vidéo diffusée sur Youtube, une association britannique s'est attirée les louanges de Barack Obama, en quête de relais dans l'opinion pour sa guerre contre cette organisation.
Créée en 2003, l'Active Change Fondation (www.activechangefoundation.org) est basée à Londres et travaille à la déradicalisation des jeunes, quel que soit l'extrémisme dans lequel ils ont plongé. La vidéo de 1 min 19 secondes qu'elle a diffusée mi-septembre sur les réseaux sociaux, intitulée "Pas en mon nom: l'EI ne représente pas les musulmans britanniques", montre dix musulmans, hommes et femmes, se succéder pour expliquer chacun en quelques mots leur rejet de l'organisation Etat islamique."L'EI ne représente pas l'islam ni aucun musulman", dit une jeune femme portant un voile coloré. "Parce qu'ils tuent des innocents", poursuit un jeune homme. "Parce que vous êtes injustes", ajoute un autre adolescent en s'adressant directement aux jihadistes. "Nous devons nous unir et essayer d'empêcher ce groupe de nuire à l'islam et aux musulmans", reprend la jeune femme voilée. "Parce que votre califat ne représente pas l'Oumma (communauté des musulmans, ndlr)", ajoute une autre jeune femme sans voile.
L'EI "inhumain", irrespectueux des femmes
"Parce que ce que vous faites est inhumain", dit un jeune homme en costume cravate. "Parce que ma religion défend la tolérance vis-à-vis des femmes et vous n'avez aucun respect pour les femmes", conclut la première jeune femme voilée avant que chacun des dix intervenants n'apparaissent portant une affiche sur laquelle on peut lire "#Not in my name". Cette initiative, vue plus de 170.000 fois sur Youtube, a été saluée mardi à New York par le président américain Barack Obama. "Regardez ces jeunes musulmans britanniques qui répondent à la propagande terroriste en lançant une campagne #Not in My name et déclarant que +l'EI se cache derrière un faux islam+", a-t-il dit à la tribune des Nations unies.
La campagne a été initiée par le fondateur de l'association Hanif Qadir qui dénonce dans la vidéo l'absence de "compassion" des jihadistes de l'EI. Il a lui-même été séduit par la propagande d'al-Qaïda en 2002, raconte-t-il dans un entretien avec l'AFP. Parti en Afghanistan pour y rejoindre un groupe lié à la nébuleuse d'Oussama Ben Laden, le Britannique a immédiatement déchanté devant "l'hypocrisie" et "le manque de respect" des jidahistes vis-à-vis des civils et des personnes qu'ils étaient censés aider, dit-il. "La réalité est que ce que l'on vous présente ici est très différent de ce que vous découvrez en arrivant là-bas, explique-t-il encore. Je voulais aider à atténuer les souffrances, je ne voulais pas faire partie des souffrances, je ne voulais pas y contribuer. Ce que j'ai vu là-bas c'est que les gens qui voulaient aider étaient en fait une partie du problème".
Désabusé par cette découverte, il quitte immédiatement l'Afghanistan et rentre au Royaume-Uni où il fonde un an plus tard son association qui fait partie du Réseau européen pour la déradicalisation. Dans la banlieue nord-est de Londres, son association dispose de locaux jouxtant la mosquée du quartier dans lesquels les jeunes se retrouvent pour jouer au billard et aux jeux vidéos mais aussi pour discuter de leur colère et de la situation au Moyen-Orient.
Le jour de la rencontre avec l'AFP, le père d'un jeune homme parti en Syrie est venu chercher conseil auprès de lui. "Sa femme l'a jeté dehors parce qu'elle croit maintenant qu'il n'est pas un assez bon musulman, et une fois parti, son fils est devenu un peu vulnérable et (l'islamiste britannique) Anjem Choudary a dû entendre parler de lui. Il lui a lavé le cerveau et le gamin est maintenant en Syrie, depuis trois mois", explique Hanif Qadir qui ne cache pas sa colère vis-à-vis de l'islamiste, arrêté jeudi matin dans le cadre d'une enquête sur le terrorisme islamiste.