Le Sénat a voté lundi la reconnaissance du licenciement abusif de certains mineurs grévistes de 1948 et de 1952 qui vont recevoir, eux ou leurs héritiers, après des dizaines d'années de lutte, une allocation de 30.000 euros chacun.
Dans le cadre de l'examen de la mission "justice" du budget 2015, l'Assemblée avait déjà adopté un amendement stipulant que la "République française reconnaît le caractère discriminatoire et abusif du licenciement pour faits de grève des mineurs grévistes en 1948 et 1952". Un amendement gouvernemental déposé au Sénat ajoute notamment que ces grèves, ainsi que celles de 1941, seront enseignées à travers les programmes scolaires et intégrées aux programmes de recherche en histoire et en sciences humaines. A l'automne 1948, plusieurs milliers de mineurs des sites du Nord-Pas-de-Calais avaient cessé le travail pour protester contre des décrets qui prévoyaient notamment la baisse de leur rémunération. "J'ai grand plaisir à présenter cet amendement, qui reconnaît l'injustice de la répression des grèves des mineurs de 1941, 1948 et 1952 et le caractère abusif et discriminatoire des décisions prises alors", a souligné la ministre de la Justice, Christiane Taubira. "Réparation fut faite, partiellement, par les lois de 1984 et 2004" qui les ont amnistiés. "Mais une trentaine de mineurs n'ont pas été indemnisés: nous y remédions", a-t-elle ajouté. "Cet amendement consolide le dispositif voté à l'Assemblée nationale", a-t-elle précisé.
"L'amendement, qui ajoute une référence à la grève des mineurs de 1941, apporte des précisions utiles", a jugé Antoine Lefèvre (UMP). "Dans le Nord, ces grèves font partie de notre histoire. Je salue moi aussi cette réparation, bien que modique et tardive", a dit Jean-René Lecerf (UMP) tandis que, pour son collègue PS Jean-Pierre Sueur, "ayant vécu à Lens, je sais que cet article accomplit une oeuvre de justice". "La reconnaissance mémorielle de ces préjudices 60 ans plus tard par la République est une première victoire pour les mineurs", ont indiqué de leur côté les sénateurs communistes. "Le gouvernement ne devra pas se contenter de l'ouverture d'un droit à réparation symbolique mais d'une réparation à la hauteur du préjudice subi durant toutes ces années", ont-ils poursuivi.