Charles Baur est décédé vendredi au Maroc d'une crise cardiaque à l'âge de 85 ans...Président de la Région Picardie pendant plus de 20 ans le temps de plusieurs mandats, on retiendra sa volonté de désenclaver la région avec l'A29 et l'A16. Il reste également l'homme de l'alliance avec le FN.
Quand il se présente à l'élection de président du Conseil régional une 1ère fois en 1976, Charles Baur n'est pas un inconnu ni un novice en politique en Picardie: fondateur du Mouvement des Démocrates Socialistes de France qui rejoint ensuite l'UDF, Charles Baur est maire de Villers-Cotterêts depuis 1955. Il vient de quitter son mandat de conseiller général de l'Aisne qu'il occupait depuis 1958 et fut à ce titre vice-président du Département de 1967 à 1976.
Elu à la tête du Conseil Régional de Picardie en 1976, il gardera ce mandat jusqu'en 1978. Un passage éclair comme Président de la Région.
Une 1ère fois élu grâce au FN
Car ce n'est qu'à partir de 1986 que Charles Baur marquera l'histoire de la région Picardie, dans nombres d'aspects. Il dirigera le Conseil régional pendant plus de 20 ans, jusqu'en 2004.En 1986, portant les couleurs de l'UDF, il est le premier président d'un Conseil Régional élu au suffrage universel. Une élection qui se fait avec les voix des 4 élus du Front National mais qui passe cependant inaperçue: à l'époque, une alliance du centre avec l'extrême droite ne semble pas problématique. On parle d'ailleurs non pas d'alliance mais "d'accord de gestion": en échange de leurs voix, les élus du FN s'engagent à ne bloquer aucun vote important. Un accord anodin aux yeux de Charles Baur mais qui pèsera néanmoins sur la politique régionale, notamment culturelle.
Parallèlement, la même année, Charles Baur siège au Parlement Européen en remplacement de Jean-François Mancel. Mais il doit rendre son porte-feuille en 1993 pour cause de cumul des mandats.
Il se présente alors dans la 2ème circonscription de l'Aisne, celle de Saint-Quentin. Il en est élu député lors des législatives de 93. Un poste qu'il occupe jusqu'en 1997, date de la dissolution. Son alliance 11 ans plus tôt avec le FN au Conseil Régional le rattrape: Charles Baur perd son siège de député.
Comme pour beaucoup de vaincus de droite et du centre-droit, cette défaite est traumatisante par Charles Baur. Au point que lorsque les élections régionales de 98 donnent une majorité relative à la gauche plurielle qui compte 23 élus (contre 20 à la droite), il est hors de question de laisser la Région à la gauche.
La Picardie n'ira pas aux communistes
Charles Baur est alors élu avec les 11 voix des conseillers frontistes. Éric Woerth, alors patron du RPR en Picardie, justifie cette alliance dans Le Figaro du 31 août 1998: " Nous avions délibérément voté pour Baur avec un seul objectif : éviter que cette région ne soit donné au Parti communiste ". En effet, les accords nationaux signés au sein de la Gauche plurielle stipulaient que la présidence de la Picardie devait revenir au PCF.Suspendu de l'UDF, Charles Baur est sommé de démissionner su poste de Président du Conseil régional. Il décide de rester en place, ce qui lui vaut son exclusion définitive de l'UDF, alors dirigée par François Bayrou. En 2002, il rejoint l'UMP.
Charles Baur restera en place jusqu'en 2004. Bien que candidat à la candidature, il est convaincu par l'UMP de ne pas se représenter. La droite qui lui avait préféré Gilles de Robien perdra finalement la majorité.
Désenclaver la Picardie
Au delà de la politique, Charles Baur restera la construction des tronçons entre Amiens et Paris de l'A16 et entre Amiens et Saint-Quentin de l'A29 pour compenser le schéma TGV en faveur de Lille.En 2001, est inaugurée l'A29. Une autoroute longtemps réclamée par Charles Baur: "C'était le chaînon manquant du maillage d'autoroutes qui irrigue désormais la région. Nous sommes enfin parvenus au niveau d'infrastructures nécessaires au développement de la Picardie", confiait-il alors aux Echos.