La maire de Lille Martine Aubry a décrit jeudi comme "une très bonne chose" la décision de la cour d'appel de Douai d'infirmer la décision d'une magistrate, qui avait jugé prescrit le dossier des conditions d'attribution du stade Pierre-Mauroy.
"C'est une très bonne chose que les juges soient amenés à reprendre l'affaire au fond (...), je crois qu'il faut que tout le monde se rende compte aujourd'hui
de ce qui s'est vraiment passé et que tout le monde se rende compte que les politiques n'ont pas failli", a déclaré Mme Aubry, en marge d'une cérémonie de voeux à la presse.
"Je trouvais vraiment malencontreux que cette affaire soit classée sous un problème formel et qu'on n'ait pas dit la vérité des choses", a ajouté Mme Aubry,
pour qui "il ne faut pas que restent des nuages autour de cela".
L'ancienne doyenne des juges d'instruction de Lille, alors en charge de l'information judiciaire portant sur ce dossier, avait rendu en août 2014 une ordonnance constatant l'extinction de l'action publique pour prescription.
Réouverture du dossier
Cette ordonnance a été infirmée mercredi par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Douai, ouvrant ainsi la voie à une reprise de l'instruction de ce dossier dans lequel deux fonctionnaires de la communauté urbaine de Lille (alors LMCU) avaient été mis en examen fin mai 2014 pour faux et usage de faux."L'instruction va se poursuivre, c'est une victoire du droit sur les manoeuvres de coulisses", s'était réjoui mercredi le plaignant Eric Darques, militant de l'association Anticor (lutte contre la corruption et pour la transparence en politique).
Une information judiciaire avait été ouverte le 1er octobre 2012 sur les conditions d'attribution du chantier au groupe de BTP Eiffage, à la suite d'une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d'instruction déposée par Eric Darques.
Pourquoi Eiffage ?
L'ancien élu (RPF) de la ville de Lambersart (Nord) veut comprendre pourquoi le chantier a été attribué à Eiffage, dont le projet présentait pourtant un surcoût de 108,5 millions d'euros par rapport à celui du consortium Norpac-Bouygues.Il affirme qu'un premier rapport adressé aux élus de la communauté urbaine pour alimenter leur réflexion, daté du 23 janvier 2008, donnait la meilleure note au groupe Norpac-Bouygues, alors qu'un second rapport, daté du 1er février 2008, jour du vote, mais rédigé selon lui postérieurement, notait plus favorablement le groupe Eiffage.
Le projet du grand stade de Lille avait été développé sous les présidences successives à la LMCU de Pierre Mauroy et Martine Aubry, mais l'ancienne présidente de la communauté urbaine a souligné jeudi qu'elle n'était pas chargée de ce dossier lors de l'attribution du chantier.