Une exposition itinérante s'est ouverte mercredi à Dunkerque sur la guerre maritime en 1914-18, bien moins connue que celle des tranchées et pourtant aussi décisive par les effets dévastateurs qu'a eus le blocus franco-britannique sur l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie.
"La mer en guerre", qui se présente comme une très classique série de treize tableaux explicatifs, en décrit les aspects militaires avec l'utilisation massive d'armes nouvelles (sous-marins, mines, avions et dirigeables) comme les conséquences sur la vie des ports de la Manche et de la Mer du Nord, voies vitales d'approvisionnement pour le front tout proche, tout particulièrement pour les troupes de l'Empire britannique.
Les missions principales des marins étaient la défense côtière, le contrôle des détroits et le blocus des Empires centraux. A la fin de 1914, après la bataille
de la Marne, Dunkerque est devenu pour quatre ans "une ville de l'arrière, bombardée par air, terre et mer", a souligné lors de l'inauguration Patrick Oddonne, président de la Société dunkerquoise d'histoire et d'archéologie.
Les fusiliers-marins de l'amiral Ronarch, qui venaient de participer à la sanglante bataille de Dixmude pour bloquer lors de la "course à la mer" l'accès des troupes allemandes à la côte, ont le reste de la guerre monté la garde devant Dunkerque, désormais protégé par des zones inondées.
Un aspect méconnu de la guerre
Le préfet maritime de la Manche et de la Mer du Nord, le vice-amiral d'escadre Emmanuel Carlier, a souligné à l'ouverture de l'exposition qu'en dehors des rares batailles où sont intervenues les flottes de haute mer - Jutland, Dardanelles - "le rôle de la marine dans la guerre restait méconnu".Pourtant, la guerre faisait également rage sur mer. La flottille allemande de sous-marins basée dans les ports de Flandre belge d'Ostende
et de Zeebruge aura coulé en quatre ans 2.254 navires, soit un tiers du tonnage total envoyé par le fond par les Allemands. Elle perdra de son côté 80 sous-marins, souvent dans des opérations lointaines.
Les Français en retard techniquement
Dans le détroit même, si le péril était réel, en proportion des mouvements de navires cependant seul un nombre infime de bateaux alliés - 73 - seront coulés. On y apprend par ailleurs que la France qui avait pourtant beaucoup contribué au développement des sous-marins, en était encore en 1914, contrairement à l'Allemagne, à des unités quasi inutilisables, des prototypes, et non des submersibles construits en grande série.Il faudra attendre 1917 pour que les sous-marins français atteignent le niveau d'efficacité allemand.
Autre rappel, les quelque 140.000 travailleurs chinois employés sous contrat par les alliés, dont beaucoup dans le nord de la France, resteront après l'armistice de novembre 1918 encore des années sur place, participant à la reconstruction.
Dunkerquoise jusqu'au 6 février (à l'hôtel de ville), l'exposition sera visible ensuite à Arras et Boulogne-sur-Mer puis sur la côte normande.