Bernard Cazeneuve et Martine Aubry ont mis en garde, vendredi à Lille, contre "la droite extrême", "l'extrême droite" et "le populisme" en commémorant le suicide il y a 80 ans de l'ancien ministre du Front populaire et maire de Lille Roger Salengro, cible d'une campagne de calomnie.
"1936 nous rappelle que les enjeux d'hier se lisent encore aujourd'hui, malheureusement, quand la démagogie et le populisme gagnent du terrain et contaminent les discours et les actes", a déclaré à l'Hôtel de Ville, la maire de Lille, Martine Aubry, concluant une journée d'hommage à Roger Salengro (1890-1936), qui avait mis fin à ses jours chez lui, dans la cité des Flandres dont il était maire. L'ancien ministre de l'Intérieur avait été accusé, notamment par le journal d'extrême droite Gringoire, d'avoir été un déserteur pendant la Première guerre mondiale, et un espion.
Dans une allusion à la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, l'ex-première secrétaire du PS s'est émue que ces discours, "dans certains pays, arrivent même à convaincre les citoyens". "Nous ne devons pas baisser la garde. C'est ce que disait Roger Salengro. En 1936, toute la gauche a su être unie et repousser la montée des extrêmes. Les hommes du Front populaire n'ont rien cédé au populisme et c'est ainsi qu'ils ont gagné", a ajouté Martine Aubry.
"Une tache indélébile dans l'Histoire de la République"
Pour la maire de Lille, le suicide de Salengro représente "une tache indélébile dans l'Histoire de la République". Pour Bernard Cazeneuve, "il ne faut jamais oublier, tout particulièrement dans notre pays, que quand la droite extrême et l'extrême droite instillent la calomnie, la manipulation, la désinformation et que le pire en résulte, il est toujours trop tard". Le locataire de la place Beauvau a rappelé "la hargne fanatique dont furent l'objet (des) hommes d'Etat" comme Roger Salengro, Pierre Cot, Jean Zay, tous ministres sous le Front populaire, tout en estimant que le suicide du premier nommé "contient sa part d'énigme".Il s'en est pris aussi à "une certaine droite, toujours la même", pour laquelle "un ministre de l'Intérieur de gauche est par nature laxiste" et fait l'objet d'"un procès constant en légitimité". Bernard Cazeneuve a déposé une gerbe de fleurs au pied du beffroi où se trouve un monument à la mémoire de Roger Salengro et Gustave Delory (également ancien maire). Une exposition retraçant la vie de Salengro est aussi présentée à la mairie. Le ministre de l'Intérieur devait ensuite se rendre à Denain (Nord), ville "confrontée à des problèmes de pauvreté extrême", selon ses mots.