Accusés de viol par une italienne de 19 ans, deux Saint-Quentinois sont en prison en Italie depuis 3 mois

Depuis le 18 mai, deux jeunes de 18 et 19 ans, originaires de Saint-Quentin, sont emprisonnés dans la ville de Gênes en Italie. Ils sont soupçonnés d’avoir violé en réunion une jeune italienne de 19 ans, à bord d’un bateau de croisière. Depuis 3 mois, leurs familles ont quitté la Picardie pour se rapprocher de la frontière.

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Tout commence le 17 mai 2024 : deux Saint-Quentinois embarquent à Marseille avec deux amis à bord d’un bateau de croisière MSC pour un tour de la Méditerranée. Le voyage doit durer une semaine avec pour première escale, la ville portuaire de Civitavecchia, au nord de Rome.

Ils n’en verront pas la couleur. Dès le lendemain, les quatre touristes sont débarqués à 200 milles de la France, à Gênes, en Italie. Trois sont interpellés par la police italienne, l’un, mineur, sera rapidement relâché.

Quelques heures après leur arrivée sur le bateau, les quatre amis font la connaissance d’une jeune italienne. Âgée de 19 ans, elle réside à Rome et se trouve sur le bateau depuis 5 jours pour un voyage de fin d’étude. "Il y a des étudiants de toute l'Italie qui vivent leur dernière expérience ensemble avant la fin de l'école. Il y a des rencontres, des fêtes", peut-on lire dans le quotidien italien Repubblica.

Des faits troublants 

C’est dans cette ambiance que les jeunes français, âgés de 19 à 17 ans, font la connaissance de la jeune femme. Ils passent une partie de la soirée ensemble, se rendent à la discothèque du bateau, dansent et boivent plusieurs verres d’alcool.

Au fil de la soirée, la jeune femme et l’un des Saint-Quentinois se rapprochent. Les caméras de vidéosurveillance captent les deux jeunes en train de s’embrasser sur le pont du navire puis de rejoindre, un peu avant 2h30 du matin, la cabine du jeune homme.

Quelques heures plus tard, la jeune italienne signale au personnel de bord avoir été agressée sexuellement. Dans sa plainte, elle raconte être entrée dans la cabine des Français pour "boire des cocktails" puis "deux d’entre eux" l’ont "forcé à avoir des relations sexuelles".

J’ai vécu un cauchemar, je n'ai pas d'autres mots

La plaignante aux enquêteurs

D’abord seule avec l’un des jeunes hommes, elle explique que les deux autres occupants de la cabine les rejoignent ensuite. L’un pour participer, l’autre pour regarder. Aux enquêteurs, elle raconte : "j'ai été contrainte de subir plusieurs actes sexuels. L’un m’a mordu au visage et l’autre m’a fait tomber entre le lit et le canapé."

Les Saint-Quentinois clament leur innocence

Sur les quatre jeunes, trois sont interpellés par la police italienne. L’un sera rapidement reconduit en France mais deux sont placés en détention à la prison de Pontedecimo à Gênes. Pour Me Andrea Scardamaglio, avocat au barreau de Naples, "il ne fait aucun doute que ces garçons sont innocents". Sa ligne de défense ? Une série de vidéos des ébats sexuels, filmés à l’insu de l’italienne par l’un des protagonistes.

"J’ai demandé l’exploitation du téléphone portable de mon client, on a pris les vidéos, on les a bien regardées, explique-t-il avant d’ajouter, on voit que la fille ne subit pas de violence, on voit qu’elle est consentante. Elle raconte que mon client lui a enlevé ses vêtements, sauf qu’on voit bien qu’elle porte encore une partie de ses sous-vêtements. Ces vidéos sont une preuve de son innocence."

Des documents qui ont poussé l’avocat à déposer une plainte pour calomnie auprès du procureur à l’encontre de la jeune femme.

"Tous les jours on espère qu’ils sortent"

Le matin du 18 mai, les deux mis en cause préviennent leurs pères respectifs qu’ils sont placés en garde à vue. L’un d’eux décide de se rendre immédiatement en Italie.

Je n’ai pas hésité une minute, j’ai sauté dans ma voiture pour faire 1 300 km jusqu'à Gênes et voir mon fils.

Père d'un des deux détenus

Le père passe plusieurs jours sur place, dort à l’hôtel ou dans sa voiture, puis achète un camping-car. "Je suis stationné à Fréjus, près de la frontière, pour aller au parloir le plus possible, j’ai le droit à une visite par semaine." Sa femme et sa fille l’on rejoint, et depuis 3 mois il n’est pas retourné en Picardie.

Même chose pour le deuxième père de famille - beau-frère du premier - qui a mis son activité professionnelle sur pause : "je suis paysagiste, j’ai déjà perdu plusieurs contrats, explique-t-il, mais c’est comme ça, les enfants d’abord."

Pour les deux familles, l’attente est douloureuse. "C’est très long. Tous les jours on espère qu’ils sortent et finalement il y a sans cesse un nouveau délai" avancent les deux pères, désabusés. En juin dernier, une première demande de libération conditionnelle leur a été refusée. "Avec mes confrères on leur a trouvé un logement à Naples que les garçons pourraient occuper, avance Me Scardamaglio, avec leurs parents, pour une détention à domicile. Mais le juge a refusé." Le 21 août, une nouvelle audience a eu lieu auprès du juge des libertés. La décision est attendue au début du mois de septembre.

"C’est douloureux pour nous de savoir nos fils dans une telle situation" confie l’un des pères. D’autant que les échanges avec les détenus sont limités : une visite au parloir par semaine et deux appels téléphoniques par mois d’après les deux parents. "Nos fils ne vont pas bien, s’inquiètent les deux pères, personne ne parle français parmi les gardiens, quand ils ont besoin de quelque chose personne ne les comprend. Et le temps est très long."

Si la détention à domicile est acceptée, les parents se disent prêts à s’installer en Italie le temps de la procédure. Le procès sur le fond de l’affaire est annoncé pour le mois de novembre. 

Contacté, l'avocat de la jeune femme n'a pas donné suite à nos sollicitations pour le moment.





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