C'est l'aboutissement d'une démarche lancée en 2015. Depuis le 1er janvier, la commune nouvelle de Bernoy-le-Château est née près de Soissons, dans l'Aisne. Elle résulte de la fusion de deux anciennes communes. Un projet mené pour des raisons essentiellement économiques.
Le changement est tout récent, à tel point qu'il ne figure pas encore sur les cartes, même en ligne. Si vous circulez dans le soissonnais, ne parlez plus désormais des communes de Noyant-et-Aconin ou de Berzy-le-Sec, vous êtes à Bernoy-le-Château.
Le nouveau nom a été adopté il y a un an pour remplacer celui des deux villages qui viennent officiellement de fusionner au 1er janvier pour former une commune nouvelle.
En janvier 2022, les 584 habitants de Noyant-et-Aconin et les 380 habitants de Berzy-le-sec avaient été appelés à se prononcer sur le nom de la future commune. Les élus des deux villages avaient décidé d'engager la fusion de leurs structures. Il fallait donc trouver un nouveau nom pour regrouper l'ensemble et respecter autant que possible l'identité d'origine des villages. Berzy-Noyant, Bernoy ou Bernoy-les-deux églises leur avaient été proposés. Ils ont finalement opté pour Bernoy-le-Château. Un nom qui fait référence au château médiéval existant à Berzy-le-sec.
La nouvelle entité regroupe donc dorénavant 900 habitants. L'aboutissement d'une idée lancée en 2015. "On s'était dit que comme on s'entendait bien et que nos villages se ressemblaient, se souvient Philippe Deram, maire délégué (SE) de Noyant-et-Aconin, il serait bien de sauter le pas et créer une commune nouvelle pour être plus fort ensemble. Le modèle français avec 36 000 communes, on sait qu'il ne durera pas longtemps. On a préféré anticiper, se choisir plutôt que de subir de plus haut".
Si la disparition officielle des anciens noms n'a pas forcément réjouit tout le monde, la voilà pourtant devenue réalité. "Je vote parce que c'est lancé, mais je suis trop attachée à l'ancien nom", nous confiait Eliane, une habitante en janvier 2022.
Changer de nom pour prendre un nouveau départ
Les deux anciennes communes deviennent des communes déléguées, sortes de hameaux de la commune nouvelle. Un changement qui sonne aussi la fin des fonctions des deux anciens maires. Ils deviennent "maire-délégué" de la nouvelle entité.
Quant au nouveau maire de Bernoy-le-Château, c'est finalement Christian Deulceux qui endosse la fonction. Il a été élu jeudi 5 janvier à l'occasion des deux anciens conseils municipaux. Les autres élus, eux, continuent d'exister jusqu'aux prochaines élections en 2026. Dimanche 8 janvier a eu lieu la première cérémonie des vœux.
Le siège de la commune nouvelle se situe désormais à l'ancienne mairie de Noyant-et-Aconin. "Ça a été décidé pour une fréquentation plus importante, liée à la présence de l'école, précise Christian Deulceux, maire (SE) de Bernoy-le-Château. Mais la création des deux communes déléguées permet de conserver une mairie annexe à Berzy-le-Sec". Pour le reste, le changement devrait être assez transparent pour les habitants. "C'est bien, parce que ça va permettre de s'agrandir, de faire de nouvelles connaissances et vis-à-vis des budgets, deux communes qui fusionnent, les budgets augmentent", observe Julien Noël, un habitant.
Pour autant, cette nouvelle fusion suscite aussi chez certains un peu de nostalgie : "j'ai grandi dans ce village jusqu'à mes 18 ans, témoigne Luc Berton, j'y suis revenu plus tard. J'ai vu l'évolution du château, de l'église, de tout ce périmètre de la place du village. Mes parents seront enterrés là. Ils ont déjà prévu leur caveau. Il y a toute une histoire qui est liée à ce village de Berzy-le-Sec et c'est vrai que changer de nom nous touche dans la famille, réellement".
Une nouvelle vague de fusion a été initiée par une loi de 2010 afin de favoriser des économies d'échelles. Un phénomène qui est resté limité. Dans l'Aisne, sur près de 799 communes, moins d'une dizaine de communes nouvelles ont été créées. Le clocher a encore visiblement de beaux jours devant lui.
Une question de volonté
Ici, l'initiative est d'abord celle des élus. Ils entendent par cette démarche donner une taille critique à leur commune pour en assurer l'avenir. "Cette volonté-là, si les maires ne l'ont pas, on ne peut pas y arriver, reconnaît Christian Deulceux. C'est évident. Il n'y a pas forcément d'obligation. Nous, cette volonté, on l'avait. Au début, ça rigolait un petit peu et un jour, voilà, ça s'est fait".
Une volonté motivée aussi par certains avantages financiers. "On va supprimer l'entretien d'une mairie, un photocopieur, un ordinateur, détaille Philippe Deram. En 2026, on retombera dans le schéma classique d'une commune de 900 habitants avec une équipe municipale de 15 et là, l'enveloppe des indemnités des élus diminueront de 40%, ce qui est un gain non négligeable".
Tout est en ordre de marche, mais un point reste à régler : trouver le nom des habitants de Bernoy-le-Château. Ils sont appelés à déposer leurs propositions jusqu'au 10 février 2023.