Consultation citoyenne sur des projets éoliens "pour avoir un ressenti" dans 17 communes de l'Aisne

Ce dimanche 2 avril, les habitants de 17 communes de l'Aisne et une de la Marne sont appelés aux urnes. Leurs municipalités se sont entendues pour organiser une consultation sans valeur officielle pour avoir leur avis sur l'implantation d'éoliennes dans leur secteur. Une démarche rare et appréciée.

Ne l'appelez pas référendum, mais consultation populaire. Car le scrutin n'est pas reconnu officiellement par la loi et n'a donc pas de valeur légale. Ce dimanche 2 avril, les électeurs de 17 communes de l'Aisne, plus ceux de Fismes dans la Marne sont appelés à se prononcer sur le sujet de l'éolien.

La question posée sera simple : « Êtes-vous favorable à l’installation d’éoliennes dans votre commune ou la commune voisine et qui seront visibles depuis notre village ?". La réponse également : "oui" ou "non"

Les municipalités de ce secteur limitrophe de la Marne compris dans un triangle entre Braine, Fère-en-Tardenois et Fismes se sont ainsi coordonnées depuis plusieurs mois pour organiser ce vote peu ordinaire. Les habitants majeurs de cet ensemble de 4500 habitants environ auront donc la possibilité de se rendre aux urnes de 8 h à 18 h dans leurs mairies. Les règles du scrutin ont été voulues proches de celles qui prévalent pour une élection officielle.

"On a lancé une invitation en octobre à une première réunion. Avec 5 maires signataires qui se sont rapprochés pour différentes raisons pour évoquer les projets éoliens multiples sur notre territoire, ça s'est fait petit à petit et on a mis en place les protocoles", raconte Patrick Fillioud, maire de Bruys, un des principaux artisans de la démarche. "Cela donne une photographie de ce que pensent les gens. Soit ils s'en moquent, soit il s'effraient, soit il sont favorables".

Dans ce secteur, une cinquantaine de mâts éoliens seraient en effet en gestation et cela divise les habitants selon les maires des communes. "Cela sème la zizanie dans le village entre les pour et les contre. On s'est dit avec plusieurs maires que ce serait pas mal. On se ralliera au résultat. Cela donne plus de poids", estime Véronique Stragier, maire (divers) de Coulonges-Cohan.

Le point de friction pour certains habitants est notamment d'ordre esthétique pour les paysages. "Dans notre commune, on pourrait avoir entre 15 et 18 éoliennes qui encerclent le village. Il y a des motifs d'inquiétude", explique Patrick Fillioud.

"le pouvoir du maire n'existe plus"

La démarche des élus est également portée par le sentiment que les communes sont mises à l'écart dans la décision d'implanter ou pas des éoliennes sur leur territoire. "Notre conseil municipal a voté contre, mais cela continue néanmoins. J'ai l'impression que le pouvoir du maire n'existe plus", déplore la maire de Coulonges-Cohan. La consultation serait donc une manière de se réapproprier le sujet. 

"C'est très sensible, très compliqué. Notre rôle, c'est d'apaiser. La consultation s'imposait. On est élus pour décider, mais dans un contexte particulier on ne peut pas se permettre de décider tout seul. Ca me parait logique", estime Thierry Décauché, maire (divers) de Chéry-Chartreuve également engagé dans la consultation. 

Apaiser le débat

Le premier magistrat explique que le résultat du vote sera transmis dès lundi matin aux Sous-Préfets concernés et au Préfet de l'Aisne. "Quand on est décisionnaire, c'est toujours intéressant. Cela me parait légitime. Nous demandons à notre population pour avoir un ressenti . Les décideurs, le Préfet auront ensuite ce ressenti", veut croire le maire de Chéry-Chartreuve qui se défend de mener une démarche provocatrice. "Ce n'est pas mettre de l'huile sur le feu. C'est déjà tendu partout. C'est pour apaiser plutôt que de s'accrocher. La mairie, le bureau de vote, ce sont des symboles, nous ne sommes pas des casseurs. La démarche est sincère, pas révolutionnaire", précise Thierry Décauché qui croit en l'apaisement que pourrait apporter cette démarche. Un optimisme que ne partage pas sa collègue de Coulonges-Cohan tant le débat sur l'éolien semble vif.

En tous cas, les élus concernés s'accordent à penser que la participation de la population à la consultation sera importante. "Je pense que ça va être suivi. Certains s'inscrivent sur les listes électorales ou demandent des procurations. Cela mobilise les gens", indique Véronique Stragier.

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