Dans l'Aisne, les associations d'aide à domicile peinent à recruter

Auxiliaires de vie, aides-soignantes, les vocations deviennent rares. Dans les milieux ruraux, les associations, confrontées au défi du maintien des personnes âgées à domicile, sont en manque de personnel. Malgré l'augmentation des traitements intervenue en octobre 2021 ces métiers n'attirent pas.

Ils font partie des plus gros employeurs du département de l'Aisne et leurs besoins en recrutement vont augmenter dans les années à venir. L'ADMR (aide à domicile en milieu rural) de l'Aisne compte déjà 800 salariés. Pourtant cela ne suffit pas. Séverine Wailly, la directrice-adjointe de la fédération de l'Aisne, dresse le constat. "le métier est difficile, nos salariés sont appelés à travailler parfois en horaires décalés voire le week-end, il faut se déplacer et les salaires restent peu attractifs". Recruter reste compliqué. "Nous avons mis en place des sessions d'apprentissage avec le Greta et l'AFPA. Sur les 8 personnes formées l'an passé seulement 2 sont encore dans nos effectifs". Aujourd'hui la fédération de l'ADMR de l'Aisne cherche à recruter 15 auxiliaires de vie en CDI et une dizaine d'aides-soignantes. "Le besoin en CDD est permanent".

L'ADMR de l'Aisne permet le maintien à domicile de 2 500 personnes

Personnes handicapées ou âgées, le défi du maintien à domicile va se poser avec de plus en plus d'acuité dans les années à venir, particulièrement dans les zones rurales. L'association permet aujourd'hui l'aide à domicile de 2 500 Axonais dépendants. Ce chiffre a augmenté de 10% en 5 ans. Si le vieillissement de la population va accentuer les besoins, celui du personnel paramédical va aussi amplifier le mouvement. Les services à domicile viennent se substituer ou retarder le placement en Ehpad, trop coûteux pour de nombreuses familles. Pourtant, l'avenant 43 de la convention collective en octobre 2021 a permis de revaloriser les traitements de 15% environ. Une auxiliaire de vie en début de carrière touche aujourd'hui 1 882 euros brut pour un temps plein. Mais contrairement aux aides-soignantes, elles utilisent leur véhicule et leurs indemnités kilométriques restent limitées face à l'augmentation du litre d'essence.

Certaines auxiliaires de vie dépensent de 300 à 400 euros par mois en carburant. Les indemnités kilométriques restent plafonnées à 35 centimes par kilomètre depuis plus de 10 ans

Ingrid Fontaine

Membre (CGT) du CSE de la fédération ADMR de l'Aisne

Le salaire reste l'élément clé pour Ingrid Fontaine membre CGT du CSE de l'ADMR de l'Aisne. "La plupart des salariés ont des temps partiels, leur salaire avoisine généralement les 1 000 euros. Cela ne fait pas beaucoup mis en balance avec les contraintes : nous travaillons un weekend sur deux, un jour férié sur deux". L'augmentation des traitements survenue à l'occasion de la crise sanitaire a été en grande partie annihilée par l'augmentation du prix du carburant. "Un chèque carburant a bien été octroyé à titre exceptionnel de février au mois de mai, mais il est d'un montant de deux centimes". La plupart des aidants de l'ADMR de l'Aisne roulent de 500 à 700 kilomètres chaque mois.

 L'AMSAM a été fondée en 1917 pour venir en aide aux populations civiles pendant la grande guerre. Le service d'aide à domicile date lui de 1960 . L'association médico-sociale Anne Morgan emploie 180 aidants. Elle se consacre, entre autres, au maintien à domicile d'environ 1 000 personnes du Soissonnais. Sa directrice Murielle Hyacinthe confie rechercher une quinzaine de professionnels actuellement. "La crise sanitaire a amplifié le phénomène, beaucoup de salariés privilégient désormais leur vie de famille ou les loisirs, le travail n'est pas prioritaire" .

Il faut valoriser nos métiers et faire comprendre qu'ils consistent a donner de la dignité aux personnes

Laurence Luyet

Directrice du service développement de l'AMSAM

Pour redonner de l'attractivité au secteur il faut selon elle se pencher aussi sur la question des contraintes horaires. "Les coupures du temps de travail décourage beaucoup les bonnes volontés, il faut se pencher sur la continuité du temps de travail". À ses côtés, l'ancienne responsable du service d'aide à domicile acquiesce. "Il faut parler de ces métiers de façon positive, une aide ménagère n'est pas une simple femme de ménage. Elle a un rôle de veille, tous nos métiers consistent à rendre de la dignité aux personnes dépendantes" affirme Laurence Luyet. "Ce sont de véritables métiers, plus de 70% de nos salariés sont diplômés".

Le scandale des conditions de vie dans certains EHPAD, révélé par le livre Les fossoyeurs de Victor Castanet l'a rappelé, la prise en charge des personnes dépendantes n'est pas seulement une question économique c'est aussi une question éthique. Aujourd'hui les moyens semblent bien fragiles pour satisfaire à cette exigence.

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