Dans la région axonaise, l'association AVES met en location des voitures sans permis pour faciliter l'insertion sur le marché du travail de personnes qui sont dépourvues de moyens individuels de transport. La première bénéficiaire de ces automobiles projette d'obtenir son papier rose prochainement.
Avec seulement deux places, la voiture sans permis qu'Émilie a louée ne peut pas transporter ses cinq enfants. Elle n'a pas non plus de coffre pour y mettre ses courses. C'est pourtant déjà une victoire pour elle puisqu'à 36 ans, cette maman est la première à bénéficier de ce dispositif de location de voiture sans permis. L'Axonaise n'a jamais obtenu son papier rose.
Dans sa petite commune de Bohain-en-Vermandois, elle ne trouvait pas de travail alors elle a décidé de passer par un chantier de réinsertion grâce auquel elle a été mise en relation avec l'association AVES (Association Vermandois Emploi Solidarité), qui lui loue ce type de voiture pour 4 € par jour.
Une aide de courte durée
"On a des réunions de suivi et c'est pendant ces réunions que j'ai entendu parler de cette voiture. J'ai fait la demande auprès d’Élodie Cuisinier, une référente de notre parcours, qui m'a accordé le prêt de ce véhicule pour ma période de stage", raconte Émilie le sourire aux lèvres.
Pour obtenir ces automobiles financées par la région Hauts-de-France, il faut répondre à un certain nombre de critères : être accompagné d'une structure qui mène à l'emploi, être titulaire de son brevet de sécurité routière, avoir un stage, un emploi ponctuel ou une mission intérimaire. Avant de prendre la route, un essai concluant est nécessaire.
Mettre à distances angoisses et contraintes
Dans sa petite voiture bleu ciel aux allures d'auto-tamponneuse, c'est comme si l'Axonaise était conductrice de longue date, même si on peut lire un peu de stress sur son visage : "Oui, je me sens bien. J'avais déjà conduit des voitures sans permis auparavant et je n'ai plus peur. Et puis, ça ne roule pas très vite. Ce sont surtout les autres usagers qui m'inquiètent". Notamment les camions, impressionnants en comparaison de cette toute petite voiture.
Ravie de son expérience, elle ajoute :"Je peux comprendre qu'une voiture sans permis ce ne soit pas pratique pour les personnes pressées, mais ça aide les personnes comme moi qui ont besoin de pouvoir se déplacer seules". À 4 € par jour, le véhicule lui est accessible.
"Au fil du temps, de nombreux trajets qui étaient proposés par la SNCF disparaissent, donc ce n'est pas toujours simple de se déplacer comme on veut".
Elodie Cuisinier
Trente-cinq minutes de route séparent son logement de son lieu de stage à Caudry dans le Nord. Sans cette voiture, elle n'aurait jamais pu saisir cette opportunité, comme l'explique Élodie Cuisinier, coordinatrice de la plateforme mobilité du Vermandois : "Dans l’Aisne, c'est très compliqué parce qu'au fil du temps, de nombreux trajets qui étaient proposés par la SNCF disparaissent, donc ce n'est pas toujours simple de se déplacer comme on veut. Quand Émilie s’est rendu compte que prendre le train n’était pas compatible avec ses horaires, c’était impossible. Elle n'avait pas de solution et elle était presque prête à abandonner".
Un objectif d'autonomie sur le long terme
Ce jeudi 4 avril, c'est déjà la fin de son stage. La jeune femme doit restituer sa nouvelle source d'autonomie. C'est une solution d'urgence. "On l'aide sur le moment parce qu'elle en a besoin et que les problèmes de mobilité peuvent prendre du temps à se résoudre. On ne veut pas la priver de l'accès à l'emploi et de la réalisation de son projet professionnel. On veut vraiment l'aider et trouver une solution pour qu’en finalité, elle puisse se déplacer de façon autonome sans avoir besoin de nous", détaille Élodie Cuisinier.
Déjà bien engagée dans la voie de l'autonomie, Émilie prépare le code de la route et elle ne compte pas s'arrêter là. "On l'accompagne également sur le montage du dossier de l'aide de la région des Hauts-de-France qui finance le permis de conduire à hauteur de 90 %. La finalité, c'est qu'elle puisse avoir son permis de conduire pour ensuite louer nos véhicules électriques et enfin, avoir son propre véhicule", précise la coordinatrice de la plateforme mobilité du Vermandois.
Victimes de leurs succès, les voitures électriques sans permis de l'Aisne sont déjà toutes réservées. "Un article est paru dans la presse locale. À la suite de ça, il y a eu énormément de demande et on n'a pas assez de véhicules à mettre à disposition", livre la coordinatrice du projet. "J'en ai deux et la deuxième est déjà réservée pour la mi-avril". Pour autant, l'association ne pense pas investir dans l'achat d'autres voitures. Rares sont donc les quelques chanceux à en bénéficier.
Avec Lucie Caillieret / FTV