Faute de déchetterie habilitée ou à cause du prix de l'enlèvement réglementaire, certains particuliers ou professionnels choisissent de déverser en pleine nature des détritus contenant de l'amiante. Les quelques réponses apportées peinent à endiguer cette pratique.
Des gravats, des débris de construction et surtout des plaques de toiture contenant de l'amiante, un déchet dangereux : c’est le dépôt sauvage constaté début octobre sur un chemin à proximité du village de Savy, dans l’Aisne, et que la mairie a signalé sur les réseaux sociaux dans l’espoir d’identifier les responsables. « C’est ou un particulier, ou un artisan qui travaille pour un particulier, qui a démonté sa pièce à vivre et qui est venu déposer dans un endroit où ce n’était pas visible », décrit Marie-Hélène Jeanjean, la maire (LREM) de la commune.
Ce type de trouvaille n’est pas rare dans le département. En raison de son faible coût et de ses propriétés d’isolation, l’amiante a été couramment utilisée jusqu’à son interdiction en 1997. A présent, l’enlèvement de matériau cancérigène se révèle complexe : peu de déchetteries acceptent les résidus qui en contiennent, et leur traitement peut coûter cher : jusqu’à plusieurs milliers d’euros pour démonter une toiture.
Alors, « comme il y a un coût derrière, vous pensez bien que les artisans ou les particuliers, ceux qui ne sont pas très respectueux, vont déposer n’importe où », résume Marie-Hélène Jeanjean. « Ce manque de courage des pouvoirs publics, qui n’ont pas interdit l’amiante à temps, fait que les collectivités doivent gérer cette chose-là, ajoute Brigitte Fournié-Turquin, conseillère départementale (EELV). Pour les professionnels, il y a deux centres dans l’Aisne, c’est très onéreux. Pour les particuliers, il faut attendre que les collectivités soient volontaires. »
Ces derniers mois, quelques collectes d’amiante pour les particuliers ont ainsi été expérimentées. Du côté des professionnels du bâtiment, on assure aussi s’être attelé au problème. « Nous, on le déplore, réagit José Faucheux, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment dans l'Aisne. On y réfléchit, on essaye de travailler pour voir comment, ensemble, on va pouvoir monter un réseau de déchetteries, réservées peut-être aux professionnels, d’une façon différente. Peut-être une coopérative. »
Les dépôts sauvages, quel que soit le déchet, sont des incivilités passibles de poursuites. Un particulier à pied encourt une amende de 68 euros (article R.541-76 du Code de l'environnement). Si les déchets sont transportés en véhicule, le montant maximum passe à 1.500 euros (article R541-77). Et si le contrevenant est une entreprise, une peine jusqu'à 2 ans de prison et 75.000 euros d'amende peut être prononcée (article L541-46).