Depuis 2006, l'association Globe 21 regroupe architectes, artisans et spécialistes de l'éco-construction pour promouvoir des solutions qui permettent de concilier le confort de vie et le respect de l'environnement. Face à la canicule, les matériaux qu'ils promeuvent offrent de meilleures performances que les isolants industriels.
Hans Février a senti les vents tourner. Installé depuis 12 ans à Nogent l'Artaud dans l'Aisne, ce spécialiste de la construction bois confie avoir anticipé une nette prise de conscience de sa clientèle il y a environ quatre ans. "Mon carnet de commandes est rempli pour les huit mois à venir, même si les fortes chaleurs incitent dans l'immédiat les gens à plutôt s'équiper de climatiseurs, à moyen terme les propriétaires se posent aussi la question de la meilleure isolation possible pour leur habitation." Cet artisan utilise uniquement des matériaux biosourcés. En termes d'isolation, il privilégie la ouate de cellulose : un matériau obtenu à partir de papier recyclé.
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"La ouate de cellulose offre des caractéristiques très intéressantes, particulièrement en termes de déphasage. Le temps entre lequel la chaleur est absorbée par le matériau avant d'être restituée peut atteindre 12 heures", détaille-t-il. Une protection beaucoup plus importante que la laine de verre dont l'effet tampon se limite à 4 heures.
Hans Février confie avoir utilisé de la ouate de cellulose dans son domicile. Seul bémol, un coût encore supérieur de 30% par rapport aux produits concurrents d'origine minérale. "Une différence qui s'explique par la mise en place un peu plus complexe du produit. Elle nécessite plus de temps donc le prix de la main d'œuvre pèse davantage."
Les matériaux biosourcés, le cheval de bataille de Globe 21
Isabelle Bardy, la présidente de l'association Globe 21 (groupement local du bâtiment écologique du 21e siècle) installée à Château-Thierry, regrette que les artisans ne soient pas aussi sensibilisés aux matériaux biosourcés. "Paille, laine de bois, chanvre ou lin : les solutions sont multiples. Les architectes, les bureaux d'étude ont connaissance de ces solutions plus efficaces pour atténuer l'effet de la chaleur, les artisans sont encore trop peu nombreux à les utiliser."
En 2006, Globe 21 voyait le jour. L'association prenait le relais d'un projet de pôle d'excellence consacré aux bâtiments durables. À l'origine, une cinquantaine d'entreprises s'étaient regroupées, elles sont beaucoup moins nombreuses aujourd'hui. Mais toutes les conditions sont désormais réunies pour favoriser l'essor de ces techniques.
De grands groupes industriels bloquent l'évolution vers des isolants plus performants et plus vertueux en matière de développement industriel
Isabelle BardyPrésidente de l'association Globe 21
Isabelle Bardy est baubiologue, une spécialité venue d'Allemagne. Son activité consiste à concilier les sciences de la vie et les techniques de construction. Les matériaux ne doivent pas seulement s'inspirer des qualités du vivant, mais en être directement issus de manière responsable.
Elle insiste sur les caractéristiques de ces matériaux "perspirant" permettant de réguler l'humidité et non de la bloquer. Si la crise pétrolière des années 70 avait, selon elle, rendu nécessaire le recours massif aux isolants, tel que la laine de verre ou la laine de roche, la donne a aujourd'hui changé : "Le bien-être, la durée de vie des matériaux, mais aussi le comparatif l'énergie mobilisée pour la fabrication des isolants. Ces éléments plaident tous pour les matériaux biosourcés."
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Yannick Champain, trésorier de Globe 21 dirige le cabinet d'architecture Vivarchi implanté à la Ferté-Milon dans l'Aisne. Il plaide également pour ces matériaux naturels qui favorisent la respiration de la construction et diffèrent fortement la transmission de la chaleur à l'intérieur du bâtiment. "La terre crue peut offrir une alternative satisfaisante au ciment dans les techniques lourdes, la fibre de bois dans les techniques légères donne de bons résultats. Il suffit de la chauffer à 150°C pour lui donner son liant contre 1500°C pour la laine de roche, l'économie d'énergie à la fabrication est considérable."
La première maison en paille toujours aussi efficace
Qui n'a jamais ressenti l'agréable fraîcheur d'une maison en pierre ou d'une grange en torchis au cœur de l'été ? La recherche se poursuit pour trouver des matériaux naturels aptes à répondre efficacement aux défis du changement climatique et à la hausse du coût de l'énergie. L'université Picardie Jules Verne en a fait l'un de ses axes de recherche.
L'utilisation de matériaux biosourcés ne date pourtant pas d'un passé récent. La première maison paille fut construite il y a plus d'un siècle à Montargis, elle est désormais classée monument historique. Elle démontre encore aujourd'hui ses capacités d'absorption thermique.
La première maison à ossature bois et en paille a été construite en 1920 en France. Elle est toujours là et conserve ses qualités intactes
Yannick ChampainArchitecte, membre de Globe 21
Dans l'Aisne, l'entreprise Activ paille, créée récemment à Itancourt, s'emploie à valoriser la paille pour en faire un matériau isolant ou des ballots destinés à l'éco-construction. Elle compte 9 salariés et vise 15 employés dans un avenir proche. Plus de 70 000 ballots de paille ont été converti dans cette entreprise en matériaux biosourcés à destination du bâtiment. En 2017, des accords avaient déjà été signés avec la chambre d'agriculture pour la valorisation de co-produits du lin et du chanvre. Les matériaux biosourcés sont à portée de main, pourquoi attendre demain ?
