Depuis bientôt dix ans, les campagnes de restauration ont repris au musée Jeanne d'Aboville. Le dernier en date n'est autre que "La Chasse de Louis XIV". L'occasion pour le petit musée d'attirer l'attention du grand public sur ses collections.
"La Chasse de Louis XIV" fait son grand retour au musée Jeanne d'Aboville à La Fère, dans l'Aisne. Un événement digne du Roi pour cette petite commune de moins de 3000 habitants.
Après restauration, le tableau peint par l'atelier d'Adam François van der Meulen (1632-1690) a retrouvé tout son éclat. Il est dévoilé ce samedi 7 octobre au grand public en présence des restaurateurs et d'historiens qui dévoileront tous les secrets.
Le tableau "La Chasse de Louis XIV" est une huile sur toile de l'atelier d'Adam François van der Meulen, peintre pensionné par Louis XIV. Jauni et encrassé, il ne possédait plus de cadre et dormait dans les réserves du musée Jeanne d'Aboville depuis son origine.
L'œuvre a été confiée aux soins des restaurateurs Tatiana Ullois et Igor Kozak. La première s'est penchée sur le support, le dernier sur la couche picturale.
Le tableau était jauni, il retrouve sa lumière
"On avait des gros problèmes de lisibilité, indique Mariel Hennequin, guide du musée, parce que le vernis était extrêmement oxydé. Tout le tableau était jaune-marron. Il fallait également traiter les problèmes de support. Il y avait des soucis au niveau du rentoilage. Une deuxième toile avait été collée derrière".
Le résultat est spectaculaire. La toile a retrouvé ses couleurs et sa lumière. Ce tableau évoque un départ de chasse. Louis XIV est figuré sur un cheval blanc , vêtu d'un habit chasse somptueux.
Pour financer les travaux, la commune s'est fait accompagner de la direction régionale des affaires culturelles. Coût total : 12 000€. "C'est pratiquement mon budget annuel sur un tableau. Heureusement qu'on est aidé par la DRAC, sinon je n'aurais sans doute pas pu le faire".
Le choix du roi
La toile a été peinte par l'atelier d'Adam François van der Meulen. Bruxellois d'origine, l'artiste est entré au service du roi en France en 1662. Il s'est rendu célèbre pour ses scènes de chasse et de bataille. Un talent reconnu par le Roi lui-même qui lui accorde une pension. L'artiste le suivra dans tous ses déplacements.
Prendre le parti de restaurer ce tableau n'est pas un hasard. "Je le trouve intéressant dans le sens où il représente un personnage que tout le monde connaît. Pas besoin d'être un fou d'histoire ou d'histoire de l'art pour connaître Louis XIV. On n'est pas intimidé par le sujet puisqu'on le connaît. On met en avant quelque chose qui peut être perçu par tout le monde. Parce que le musée a longtemps été perçu comme un musée de connaisseurs. Or pas du tout. La collection est très large avec plein de thématiques différentes. Et là, c'est un tableau que je considère comme une porte d'entrée pour le grand public qui peut s'emparer de cette collection et ne pas en avoir peur".
Ce musée d'art présente une collection exceptionnelle rassemblée au XIXe siècle et restée non dispersée aujourd'hui. Elle tire son origine du legs par testament de la comtesse d'Héricourt de Valincourt à la ville en 1860. Issue de la noblesse locale de La Fère, dans l'Aisne, sa ville natale, la comtesse d'Héricourt était une passionnée d'art.
"Pratiquement toute la collection est issue du legs, indique Mariel Hennequin. À la base, la comtesse a légué 555 tableaux et objets d'art. Aujourd'hui il nous en reste un peu moins de 400 parce qu'il y a eu des pertes pendant les guerres."
Après une longue période inactive, le musée a repris sa campagne de restauration il y a bientôt dix ans. Une trentaine de tableaux ont déjà été restaurés. « Certains ont besoin d’un peu plus de technique donc de moyens. Forcément on n’en fait pas autant que ce qu’on voudrait parce que ça va coûter plus cher. Mais une trentaine, cela représente à peu près 8% de la collection. On n’est pas si mal ».
Labellisé Musée de France, le musée Jeanne d'Aboville est ouvert toute l'année. Au-delà du legs qui comprend essentiellement des peintures flamandes et hollandaises, il présente également un département d'archéologie locale.