Pour limiter la prolifération du moustique tigre dans les Hauts-de-France, l'ARS multiplie les opérations de surveillance : "tout le monde peut agir pour bloquer son développement"

Présent à Laon depuis plusieurs années, le moustique tigre fait l'objet d'une surveillance accrue à l'arrivée des beaux jours. L'insecte est vecteur de maladies grave comme la dengue, et l'Agence régionale de santé est très vigilante sur sa prolifération.

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C'est une petite bête d'à peine 5 millimètres, mais capable de causer de gros dégâts. Le moustique tigre, reconnaissable aux zébrures noires et blanches sur l'abdomen et présent depuis longtemps aux Antilles et en Guyane, colonise petit à petit la France métropolitaine. 

D'après le ministère de la Santé, sa présence est avérée dans 67 départements de l'Hexagone, dont l'Aisne.

Carte des départements où le moustique tigre est présent, 2021 by Romane Idres on Scribd

"Dans la région Hauts-de-France, on ne considère la présence du moustique tigre comme durable que le sur la commune de Laon, ce qui amène à considérer le département comme faiblement colonisé. Les quatre autre départements de la région sont pour le moment exempts de la présence de ce moustique, rassure Pierre Conseil, ingénieur du génie sanitaire à l'Agence régionale de santé. Mais on a mis en évidence sa présence dans certains départements d'Île-de-France, ce qui nous laisse penser que cette colonisation pourrait s'étendre, et c'est tout l'enjeu de la lutte coordonnée par les ARS : limiter sa propagation."

Un insecte vecteur de maladies 

Un enjeu majeur de santé publique, car le moustique tigre est vecteur de trois maladies graves, à savoir la dengue, le chikungunya et le zika, qui sévissent déjà depuis longtemps outre-mer. "Dans la région, il n'y a pas encore eu de cas de contamination sur le territoire, mais il peut arriver de voir des cas importés, chez des personnes qui reviennent d'un voyage dans un lieu infesté", précise l'ingénieur. Or, si un moustique tigre croise le chemin d'une personne contaminée et la pique, il peut se retrouver infecté et diffuser le virus. Et plus le moustique est présent sur le territoire, plus le risque épidémique grandit.

Apparu pour la première fois dans l'Hexagone en 2004, dans les Alpes-Maritimes, cet insecte a colonisé plus de la moitié du territoire en 20 ans. "Cette propagation peut s'expliquer en partie par le réchauffement climatique, mais aussi par la multiplication des échanges, des voyages de personnes ou des transports de marchandises" , analyse Pierre Conseil.

Des œufs sous haute surveillance

Les acteurs de la santé publique travaillent donc pour éviter le risque épidémique. Si la présence du moustique tigre est uniquement avérée dans l'Aisne pour le moment, tous les départements de la région font l'objet d'une surveillance accrue. 450 pièges pondoirs ont notamment été disposés dans tous les Hauts-de-France, à des endroits stratégiques.

Le principe est de créer un lieu favorable à la ponte du moustique tigre : un récipient d'eau stagnante. Le moustique tigre choisira alors d'y pondre ses œufs, et sa présence pourra être détectée. "Le moustique tigre pond au-dessus de la ligne d'eau, puis attend qu'il y ait une montée du niveau de l'eau, grâce à la pluie, pour que l'œuf se retrouve dans l'eau et puisse devenir une larve, explique Clément Salles, le technicien de laboratoire qui s'occupe de ces pièges. On place donc un petit morceau de polystyrène pour qu'il vienne pondre dessus, mais que les œufs ne puissent pas se retrouver dans l'eau s'il pleut."

Il relève ensuite les morceaux de polystyrène pour les analyser au laboratoire d'analyse et de recherches départemental, situé à Barenton-Bugny, près de Laon. "On l'observe à la loupe binoculaire pour voir s'il y a des œufs, et si ce sont des œufs de moustique tigre ou d'un moustique plus commun", précise Clément Salles.

"En 2022, la présence du moustique tigre n'a pas encore été mise en évidence à Laon. Mais il a une durée de vie assez courte, d'une trentaine de jours, donc ce sont plutôt les œufs qui pourraient être problématique, car ils ont une capacité de survie très importante même quand les conditions sont défavorables, et ils peuvent éclore dés que les conditions redeviennent favorable", détaille Pierre Conseil, l'ingénieur de l'ARS.

C'est ce qu'on appelle une surveillance entomologique. L'idée est de détecter le plus tôt possible la présence du moustique pour pouvoir, si besoin, mettre en place des traitements pour éliminer ou au moins limiter le risque de propagation.

En parallèle, l'Agence régionale de santé effectue une surveillance sanitaire de la population. Si un médecin diagnostique l'une des trois maladies véhiculées chez un patient, il a l'obligation de le déclarer. L'ARS fera alors une enquête épidémiologique en étudiant les lieux fréquentés par la personne contaminée, et en y cherchant l'éventuelle présence de moustiques tigres. 

Tout le monde peut surveiller et alerter

Enfin, les pouvoirs publics en appellent aussi à la vigilance citoyenne. D'un point de vue préventif, d'abord : il est conseillé de ne pas laisser de récipients avec de l'eau stagnante chez soi ou dans son jardin, comme des peaux de fleurs ou des seaux, et de couvrir les réserves d'eau.

Le moustique tigre vit près de l'homme et se développe dans nos jardins, sur nos lieux d'habitation. Tout le monde peut agir pour bloquer son développement.

Christophe Fourcans, docteur vétérinaire responsable de la lutte contre le moustique tigre au laboratoire d'analyses et de recherches

"Quand vous allez en voyage dans une zone infestée, protégez-vous, utilisez des moustiquaires, portez des vêtements couvrants et inspectez vos bagages pour ne pas ramener des moustiques tigres là où il n'y en a pas", ajoute Pierre Conseil. Mais l'ARS compte également sur les citoyens pour participer à la surveillance : en cas de suspicion de présence d'un moustique tigre, vous pouvez le prendre en photo et effectuer un signalement sur la plateforme dédiée

Dans le même temps, la recherche pour lutter contre la transmission des maladies par ce type de moustique avance dans le monde. Une méthode de lutte biologique a notamment été mise au point au Sri Lanka : une bactérie empêchant la transmission des virus a été inoculée à un grand nombre de moustiques tigres, qui ont ensuite été relâchés dans les zones déjà infectées. Les moustiques porteurs de la bactérie se reproduisent ensuite avec des moustiques sauvages et les chercheurs espèrent ainsi qu'à terme, l'ensemble de la population de moustiques tigres soit porteuse de la bactérie, et donc incapable de transmettre les maladies. Des résultats encourageants ont déjà été observés en Nouvelle-Calédonie grâce à cette technique.

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