Procès de Jonathan Maréchal pour le meurtre du petit Tom dans l'Aisne : la famille face au mutisme de l'accusé

La deuxième journée du procès de Jonathan Maréchal pour le meurtre de Tom, 9 ans, au Hérie-la-Viéville en 2018, n'a pas apporté les réponses que la famille de la victime attendait. Nos journalistes Rémi Vivenot et Valentin Pasquier y ont assisté. 

La deuxième journée d'audience du procès de Jonathan Maréchal a débuté par le récit de la soirée du 28 mai 2018 par les gendarmes qui ont participé aux recherches. Ils se souviennent de fouilles rendues difficiles par les pluies diluviennes et l'orage qui a éclaté en fin de soirée. 

"Je ne sais pas, je ne me souviens plus"

Alertés vers 21h de la disparition de l'enfant par sa mère, c'est sur un terrain vague encombré de déchets et d'herbes hautes qu'ils ont fait la découverte macabre. En voyant ce qui ressemblait à du sang sur une palette, ils se sont approchés et ont d'abord cru à un mannequin, une poupée. "Mais ce n'était pas un mannequin, c'était le corps de l'enfant."

La présidente du tribunal interroge Jonathan Maréchal sur cette soirée, pour essayer de remplir les blancs. On sait que Tom et son ami Alexandre ont cueilli des cerises en compagnie de l'accusé. Mais ensuite, un seul des deux garçons est rentré chez lui. Que s'est-il passé pour Tom ? 

Jonathan Maréchal n'est pas bavard. Aux questions de la présidente, il répond "je ne sais pas", "je ne me souviens plus". Que s'est-il passé pendant cette sortie cueillette, que faisaient les deux enfants ? L'accusé n'a rien à répondre. Seulement que les deux enfants "ne se sont quasiment pas adressé la parole". La magistrate tente de le faire parler, de le pousser dans ses retranchements : "mais ce que vous me décrivez, ce n'est pas la vie, c'est très froid, très machinal". Il répète "Je ne sais pas, ça fait 35 mois".

La magistrate insiste : "ça fait 35 mois d'accord, mais vous étiez en prison pendant ces 35 mois. Vous avez dû y penser à cette affaire. (...) Lorsqu'on apprend que quelqu'un meurt, instinctivement on se rappelle des derniers instants qu'on a passé avec lui. Vous ne vous rappelez de rien ?" En vain. Il répondra seulement "non".

Son avocat maître Cyril Bouchaillou assure comprendre que les réponses de son client ne satisfassent pas la cour d'assises, mais estime qu'il est "difficile de répondre", car "les faits remontent à pratiquement trois ans" et "les questions posées sont des questions à charge".

Une attitude troublante

Ni l'avocat général ni l'avocat des parties civiles n'obtiendront plus de réponses. L'avocat général reprend le raisonnement de l'accusé, qui nie toujours toute implication. L'enquête montre que tout s'est passé très vite. S'il a quitté Tom avant le drame, comme il l'affirme, comment explique-t-il que quelqu'un d'autre a pu surgir tout de suite après pour agresser Tom ? Comment se fait-il qu'il n'ait pas entendu l'enfant crier ? Plus surprenant encore, comment les vêtements qu'il portait ce jour-là se sont-ils retrouvés dans un champ à proximité du lieu du crime ? Les questions resteront en suspens : l'accusé se mure dans le silence tout le long de cette démonstration. 

L'attitude de Jonathan Maréchal est constante, mais troublante. Même quand on lui demande ce que lui évoque la mort de cet enfant qu'il connaissait, qu'il a gardé quand il était petit, il n'a pas grand chose à dire. Et quand le père de Tom prend la parole, il reste impassible. 

Invité à s'exprimer par la présidente du tribunal, le père de la victime a raconté sa soirée du 28 mai 2018. Séparé de la mère, il habite à une cinquantaine de kilomètres du Hérie-la-Viéville, et s'y rend dés qu'il apprend la disparition de son fils. Dans le village, il croise l'accusé, et lui demande : "tu es au courant pour Tom ?" Jonathan Maréchal lui répond alors : "oui, ça me fait chier, je suis le dernier à l'avoir vu". Puis part rejoindre ses amis pour boire une bière. Le père est "sidéré" de cette réaction "inhumaine". 

"On veut comprendre, on veut des réponses"

Pour la famille de Tom, le silence de l'accusé sonne comme une épreuve dans l'épreuve. "Depuis le début, j'ai la conviction que l'accusé est coupable, a confié l'oncle de l'enfant à nos journalistes. Toutes les preuves concordent vers cette conclusion. Mais le plus dur, c'est qu'il reste renfermé sur lui-même, il ne dit rien. Nous ce qu'on veut, c'est comprendre, on veut des réponses."

Mais pour l'avocat de la famille maître Paul-Henri Delarue, cette stratégie de défense n'est pas très surprenante. "L'histoire judiciaire regorge d'affaires sordides telle que celle-ci, dans lesquelles malgré des éléments objectivement accablants, les accusés ont préféré le silence ou des dénégations, rappelle-t-il. Mais ce n'est pas uniquement sur les aveux ou sur les dénégations d'un accusé que se repose une cour d'assises pour juger ce type d'affaire."

"Nous n'en sommes qu'au début du procès", a-t-il également rappelé. Il reste encore trois jours d'audience. Ce mercredi, Jonathan Maréchal sera de nouveau questionné sur les faits. "J'espère que vous profiterez de cette nuit pour réfléchir et que vous serez en forme pour répondre comme il se doit", lui a dit la présidente du tribunal. 

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