TEMOIGNAGE. Une mère de famille de Laon entame une grève de la faim pour faire venir sa fille du Cameroun

Depuis presque deux ans, Judithe Mache, une habitante de Laon, tente de faire venir sa fille de 16 ans du Cameroun. Après le feu vert de la préfecture il y a un an, elle reste sans réponse du consulat. Le 13 décembre, elle a commencé une grève de la faim comme ultime solution.

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"Je n’arrive plus à cacher ma souffrance devant mes deux garçons", lâche Judithe Mache, mère de trois enfants. Cette habitante de Laon (Aisne) ne s'attendait pas à vivre autant de temps loin de sa fille, née au Cameroun. Alors que la préfecture de l'Aisne a émis un avis favorable à sa demande de regroupement familial en mars 2020, le consulat camerounais ne s'est toujours pas déclaré. Le 13 décembre, elle a décidé d'entamer une grève de la faim pour interpeller les pouvoirs publics. 

"Il faut que je me batte, c’est ma fille. Quand on a une fille en détresse, on l’a console en temps normal. Je m’en veux terriblement. La grève de la faim, c’est la seule solution, c’est mon corps qui a porté cet enfant et ce corps doit se battre", confie l'éducatrice arrivée en France en 2012.

"La grève de la faim, c'est la seule solution" 

Le marathon administratif commence le 16 octobre 2019 à l'office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) d'Amiens. Judithe Mache dépose une demande de regroupement familial en faveur de Laurène, âgée de 16 ans. Après l'instruction de sa demande, la préfecture évalue sa situation. "La mairie s'est chargée des enquêtes financières, pour savoir si ma situation était stable", explique la gréviste. En plus des revenus, le centre communal d'action sociale de Laon (CCAS) vérifie si son logement est approprié pour recevoir une personne de plus. 

Le 30 mars 2020, après un premier refus, la préfecture émet un avis favorable. Même s'il "ne vaut pas accord pour la délivrance du visa long séjour", la mère de famille est soulagée. "Ensuite, il y a eu le gel des demandes de visa pendant la crise covid. On a été bloqués pendant des mois. On a pu déposer la demande le 20 décembre 2020." A ce stade, la situation se complique. Selon Judithe Mache, le service des visas au Cameroun met du temps à répondre à ses mails, le seul moyen de les contacter. Les délais d'instruction, allant de deux à dix mois après le dépôt du dossier, sont dépassés depuis fin octobre.  

Déjà inscrite au lycée

Cet été, la Laonnaise s'est rendue au Cameroun avec ses garçons de 7 et 10 ans. Un voyage organisé à l'origine pour que la famille reparte au complet. "Ma fille vit avec ma tante. On a été à l'ambassade de Yaoundé pour voir où le dossier en était et personne n'a voulu nous recevoir. Le 2 décembre, elle y est retournée seule et a été refoulée sans savoir pourquoi." 

Loin de son pays, "tout est prêt" pour l'arrivée de Laurène. Elle est même déjà inscrite au lycée privé La Providence à Laon. "Je paie le lycée, sa carte de bus... avec tout cela, elle a perdu tout un trimestre à l 'école, c'est énorme." 

Contacté, le consulat nous a indiqué que "le dossier est en cours des dernières vérifications in situ des actes d’Etat Civil." Ce lundi 20 décembre, Laurène a été contactée par l'ambassade pour une visite médicale. La décision est attendue fin décembre 2021.

En plus de sa grève, Judithe Mache a lancé une pétition dans l'espoir de faire bouger les choses. Son rêve, passer Noël en famille. 

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