La Fondation du patrimoine a dévoilé, ce 19 décembre, les montants des subventions allouées à la restauration de bâtiments historiques sélectionnés dans chaque département. Rénovés grâce à cette enveloppe, la galerie Jules-Barni de Mers-les-Bains (Somme) et la tour florentine à l'entrée de Hirson (Aisne) pourraient participer à l'attractivité de ces villes.
Lorsqu'il arrive à Hirson (Aisne), l'automobiliste peut s'interroger sur cette impressionnante silhouette sortant des bois. Ce campanile fantômatique visible depuis la route, c'est la "tour florentine" de Buire, dédiée à l'aiguillage ferroviaire lorsque celui-ci était encore manuel. Sélectionné en septembre par la Fondation du patrimoine pour représenter le département de l'Aisne, l'édifice industriel va recevoir une enveloppe de 235 000 euros.
Il s'agit d'un des montants les plus importants alloués par la Fondation du patrimoine. " J'ai appris la nouvelle hier soir et j'étais au bord des larmes, confie Jean-Jacques Thomas, maire (PS) de Hirson. Au delà de la pierre, c'est toute la culture des cheminots qui s'exprime par cette tour. (...) C'est notre beffroi à nous, qui représente la sueur et la sang des cheminots." L'élu préside la communauté de commune des Trois rivières, qui possède la tour, classé monument historique en 1995.
Le chemin de fer a façonné les paysages, mais aussi les esprits : à l'époque de mes parents, c'est lui qui a apporté les premières bibliothèques, les jardins ouvriers, la vie de quartier.
Jean-Jacques Thomasmaire (PS) de Hirson
Et le maire de rappeler qu'au début du XXe siècle, Hirson, situé à la jonction des lignes gérées par la Compagnie des chemins de fer du nord et celle de l'est, était la plus importante gare de triage en France après Paris. La tour florentine a été bâtée en 1920-1921, pour pouvoir aiguiller manuellement les machines sur les dizaines de voies en contrebas.
La gare de triage a fermé en 1932 et la tour, déteriorée par les bombardements de 1944, a été laissée à l'abandon. Mais la communauté de communes souhaite la rénover pour qu'elle abrite un musée du rail à sa base et un gîte à son sommet, à plus de 40 mètres de hauteur. La facture devrait s'élever à 2,4 millions d'euros.
La galerie Jules-Barni distinguée
Le site à rénover retenu pour la Somme, la galerie Jules-Barni à Mers-les-Bains, reçoit 155 000 euros alloués à sa restauration. Le bâtiment commercial, dont une partie est soutenue depuis 2018 par des étaux en bois, est situé dans une rue bien connue de Mers, peuplée de façades ouvragées en briques, aux bow-windows et aux volets colorés.
La rue Jules-Barni est le trait d'union entre le front de mer et le cœur de ville. Nous allons réhabiliter tout le rez-de-chaussée en commerces comme il l'était à la fin du XIXe siècle, avec des logements au-dessus.
Michel Delépinemaire (DVD) de Mers-les-Bains
"J'ai des souvenirs inoubliables de cette galerie, raconte Christine, une Amiénoise d'origine qui a rencontré son mari à Mers-les-Bains. Ici c'était notre quartier avec les jeunes, on se promenait, on se baladait. On allait chercher une glace, une crèpe à la boulangerie. J'adore Mers, ça a besoin d'un peu plus de dynamisme."
La restauration prochaine ? " C'est génial, surtout pour les jeunes. Tout ça est important, Mers a un patrimoine très riche," sourit-elle. La Mersoise, tout comme son maire, est persuadée que la restauration participera au redynamisme du centre-bourg de Mers. Les travaux devraient durer deux ou trois ans, pour un chantier évalué à "quasiment trois millions d'euros" confie Michel Delépine.
Depuis son lancement en 2018, le Loto du patrimoine a permis de sauver plus de 850 sites en France et en Outre-mer, dont plus d'une centaine de projets emblématiques du patrimoine régional et plus de 750 sites départementaux.
Avec Anaïs Bocher
