Alors que plusieurs procédures en justice sont toujours en cours contre le projet de nouvelle usine d'isolant Rockwool à côté de Soissons, l'entreprise vient de lancer le recrutement de ses premiers salariés.
Il y a quelques jours, les premières offres d'emploi sont apparues sur un réseau social à vocation professionnelle. Il s'agit des premiers postes que le groupe Rockwool entend pourvoir pour son projet de nouvelle usine de laine de roche prévue sur la zone économique du plateau à côté de Soissons. "Un/une conducteur d’opérations, un/une coordinateur sécurité/environnement et un poste d’assistanat administratif", indique l'entreprise.
Seulement, pour le moment, la construction de l'usine n'est pas validée par la justice. Le projet, soutenu par l'agglomération du Grand Soissons, fait toujours l'objet de plusieurs recours juridiques de la part de ses adversaires. Ces derniers y voient notamment une menace pour l'environnement et les habitants du secteur.
La création de 130 postes envisagée
Pas de quoi dévier l'entreprise de son objectif. Elle a déjà acheté les 40 hectares de terrains nécessaires à son projet. Rockwool précise dans une réponse écrite à notre sollicitation : "Nous respectons pleinement cette procédure et ne souhaitons pas la commenter. Néanmoins, nous continuons à préparer notre projet et cela passe par le recrutement des premiers postes nécessaires à la bonne marche de ce projet. Nous avons donc lancé le recrutement".
Le groupe a prévu la création de 130 postes dans un premier temps, si l'usine est effectivement construite. À terme, Rockwool doit recruter 8 ingénieurs cadres, 25 techniciens de maintenance, 15 caristes, des managers, 8 personnes pour les fonctions support (ressources humaines, contrôle de gestion, de la qualité...) et 60 opérateurs qualifiés.
Pour cela l'entreprise compte s'appuyer "sur tous les canaux à notre disposition pour ces recrutements y compris les organisations locales. En ce sens, nous avons pris attache auprès des services spécialisés de Grand Soissons Agglomération pour s’assurer d’une coordination locale forte sur les sujets de l’emploi, de l’insertion et de la formation", indique Rockwool.
Une réunion des acteurs locaux de l'emploi est d'ailleurs prévue à cette fin le 24 février prochain. Il s'agit de mettre tout le monde en ordre de bataille en vue du recrutement. Christelle Winter, responsable par intérim de l'agence soissonnaise de Pôle emploi compte bien voir sa structure y participer. "Notre rôle sera évident pour accompagner le projet avec toute notre offre de services aux côtés de l'entreprise", indique-t-elle, soulignant le besoin de réunir les partenaires de l'emploi pour faire le point sur les postes à pouvoir. "En tous cas, c'est une très belle opportunité pour nos demandeurs d'emplois", assure la responsable.
"Une stratégie de communication"
Cet enthousiasme n'est pas partagé pas les adversaires du projet. Karen Marchetti, présidente de l'association "Stop Rockwool", dénonce le recrutement qui débute. "Ce qui nous étonne, c'est qu'il n'y a rien de fait. Aucun résultat de recours dans un sens ou un autre", souligne-t-elle. L'opposante voit dans la démarche de Rockwool une stratégie de communication bien pensée et doute même de la volonté de l'entreprise de recruter réellement. "Il veulent avancer dans le discours, comme si tout était acté et ainsi décrédibiliser les antis, mais cela ne nous décourage pas. Tant que ce n'est pas fait, ce n'est pas perdu. Il y a des lois", assure la représentante de l'association qui n'entend pas rester inactive et compte organiser une réunion publique le 11 mars prochain à Courmelles.
Un risque assumé pour ne pas perdre de temps
De son côté, Florent Thévenin, directeur du développement économique, de l'emploi et du tourisme à Grand Soissons Agglomération décrit simplement une démarche logique à son sens. "On n'attend pas le feu vert pour commencer. Rockwool anticipe car cela prend du temps de trouver des personnes. Ils veulent identifier sur le bassin les personnes potentielles pour avoir le temps de les former. Le risque, c'est de perdre six mois ou un an". Alors, recruter avant d'avoir tous les feux verts, "c'est un risque assumé", analyse le représentant de l'agglomération.
Il explique également que Rockwool travaille déjà aussi avec les entreprises pressenties pour éventuellement construire sa nouvelle usine. L'examen des différents recours dans les mois à venir dira si le pari était bon.