Une messe de Noël peu commune avait été célébrée en 1914 dans les carrières de Confrécourt (Aisne), où des soldats avaient trouvé refuge. Cette scène emblématique représentée sur un tableau disparu depuis 100 ans a été retrouvé par deux associations.
Cette oeuvre est un précieux témoignage de la Première guerre mondiale. La messe de minuit 1914, toile peinte par Louis Tinayre en 1915, a été réalisée peu après le départ de l'artiste du front axonnais où il travaillait comme reporter. La découverte du tableau est l'occasion d'un travail d'enquête pour comprendre l'histoire de la toile et celle de ceux qui y figurent.
Peu d'images du début de la Grande Guerre
"On a un texte d'un soldat qui s'appelle Grosson, qui était au 298e R.I. et qui fait partie des soldats représentés dans l'oeuvre, qui décrit au mieux ce qui s'y passe : "piquet d'honneur à l'autel, baïonnette au canon, officier et soldats communient en larmes, à la fin la Marseillaise pour tout le monde. Jules, le fameux Jules, étant suisse, avec pour hallebarde un pic surmonté d'un coupe chou allemand et un éclairage féérique au fond de cette grotte," lit Hervé Vatel, vice-président de Soissonnais 1914-1918.L'œuvre avait disparu pendant près d'un siècle. Quand elle a été mise en vente en Suisse au début de l'été, deux associations soissonnaises se sont empressées de l'acquérir. "La messe de Noël 1914, elle est quand même assez emblématique, signale Jean-Luc Pamart, président de Soissonnais 1914-1918. Et puis, on n'a pas tellement d'images de cette époque-là. Vers la fin de la guerre, on commençait à avoir des photos, mais au début de guerre on n'a rien du tout, à peine quelques croquis. Avec ce tableau, on revit un moment intense du début de la guerre".
Une messe qui n'aurait pas dû avoir lieu
Les carrières de Confrécourt ont abrité les Poilus dès l'automne 1914. Alors que le front s'installe à quelques dizaines de mètres, elles permettent de soigner les blessés. On y installe rapidement une chapelle."La messe de minuit a été décommandée. Les officiers ont refusé qu'elle se déroule parce qu'il y avait des combats sans arêt, ça n'arrêtait pas de tirer, relate Denis Rolland, président de la Société historique de Soissons. Puis vers une heure du matin, les Allemands ont commencé à chanter des chants de Noël dans leur langue, et puis ça s'est calmé. Grâce à cette trêve de Noël, on a pu avoir cette messe vers 2 heures du matin, qui a été renouvellée à 3 heures pour d'autres soldats."
Avec cette acquisition, les associations espèrent encore perpétuer la mémoire de cet instant de trêve. La toile devrait donc intégrer le musée de Soissons pour y être exposée.