Tu ne tueras point, tu ne dissimuleras pas le ballon, et interdiction de pénétrer dans le cimetière : hormis ces 3 règles, tout était permis mardi lors du traditionnel "Royal Shrovetide football", match de "foot-rugby" le plus dingue de l'année en Angleterre.
Chaque année depuis le 12e siècle au moins, le Mardi gras et le mercredi des Cendres, Ashbourne, pittoresque bourgade du Derbyshire, au centre de l'Angleterre, se sépare en deux: d'un côté, les gars du haut (Up'ards), nés au nord de la rivière Henmore. De l'autre, les gars du bas (Down'ards), natifs du sud. Les deux équipes, composées chacune de plusieurs milliers de villageois, s'écharpent pendant quelques heures lors du "Royal Shrovetide football", un combat furieux et spectaculaire autour d'un ballon.
L'affaire est assez rude. Tous les ans, on doit réparer des chevilles cassées et des côtes fracturées. Mais tout se déroule dans le plus parfait esprit de fair-play, assurent les participants, main sur le coeur. L'affaire est sérieuse aussi. Certains s'entraînent depuis Noël pour être prêts. Car l'auteur du but qui signale la fin du match est porté en triomphe jusqu'au pub Green Man. Le jeu, qui rappelle la Soule en France, a gagné le label royal après la visite en 1928 du futur roi Edouard VIII. Le prince Charles, adepte fervent des traditions rurales, a fait une apparition à Ashbourne en 2003. Généralement le match commence à 14h00 après que la foule a entonné le "Auld Land Syne" ("Ce n'est qu'un au revoir") et l'hymne national "God Save The Queen". Si aucun but n'est marqué, la partie prend fin à 22h00.