La commission d'enquête parlementaire française sur les attentats de Paris s'est rendue jeudi à Bruxelles pour étudier les moyens mis en oeuvre par la Belgique pour lutter contre le terrorisme et les pistes pour améliorer la coopération entre les deux pays.
"Le but est de voir quels sont les moyens mis en oeuvre par l'Etat" belge, a relevé le président de la commission Georges Fenech (Les Républicains) lors d'une conférence de presse. "Il est important de progresser sur la coopération" entre la France et la Belgique notamment "en matière d'échange de renseignements" et "d'harmonisation de nos politiques pénales", a plaidé M. Fenech.
La loi belge prévoit actuellement que la garde à vue d'un suspect ne peut dépasser 24 heures contre 96, voire 144 heures, en France. Le gouvernement de Charles Michel souhaite que sa durée soit étendue au maximum à 72 heures, une modification qui nécessite une révision de la Constitution belge.
Le groupe de sept députés a notamment rencontré des responsables d'Europol, l'organisation européenne de coordination policière, et d'Eurojust, chargée d'aider les juridictions nationales à travailler ensemble. Ils ont également été reçus par des membres des services de renseignement et le procureur fédéral belge, Frédéric van Leeuwle.
"Comprendre la filière"
Les parlementaires français doivent se rendre vendredi matin dans la commune sensible de Molenbeek d'où étaient originaires plusieurs membres des commandos de Paris, dont Salah Abdeslam qui y avait trouvé refuge avant d'être capturé le 18 mars après plus de quatre mois de cavale au nez et à la barbe des autorités belges. "Des personnes étaient apparemment au courant qu'il se cachait dans ce quartier. Cela interroge", a observé le député socialiste Sébastien Pietrasanta, rapporteur de la commission qui doit rencontrer Françoise Schepmans, la bourgmestre (maire) de Molenbeek."Nous avons aussi en France des problématiques dans des quartiers difficiles", a reconnu pour sa part Georges Fenech. Mais "il faut comprendre comment la filière" jihadiste à l'origine des tueries du 13 novembre à Paris (130 morts) et du 22 mars à Bruxelles (32 morts) "a pu naître ici", a-t-il souligné.
La commission d'enquête "relative aux moyens mis en oeuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015", qui compte 30 députés de tous bords, a été lancée fin janvier. Cette instance, qui ne doit pas empiéter sur les enquêtes judiciaires en cours après les attentats de janvier et novembre 2015, rendra son rapport en juillet.