Malgré les accords obtenus au ministère cette semaine, les Jeunes agriculteurs ont réalisé quelques opérations dans des supermarchés de l'Oise ce week-end, notamment pour dénoncer l'origine inconnue ou étrangère de produits qu'ils disent avoir fait retirer des rayons.
La crise des éleveurs continue. Des supermarchés de plusieurs villes de l'Oise, comme Beauvais ou Saint-Paul, ont été ciblés par des militants des Jeunes agriculteurs, samedi 25 juillet. Le Leader Price de Formerie, par exemple, s’est vu affublé d’une banderole "Ici tout n’est pas français", avec en prime un tas de fumier déversé en soirée devant les portes d’entrée.
Après une série de réunions d'urgence et d'accords cette semaine pour relever le prix du boeuf, du porc et du lait, les éleveurs français disent vouloir vérifier que les promesses seront tenues ou jugent les résultats insuffisants.
"Mettre sous surveillance les supermarchés"
Samedi matin, les Jeunes agriculteurs de l'Oise avaient relevé les prix de produits laitiers (lait et yahourts), de viandes (porc, bœuf), même de fruits et légumes, dans les rayons du supermarché de Formerie. Ils avaient aussi observé les origines des produits, pour voir s’ils étaient bien indiqués et s’ils étaient majoritairement d’origine française.
"C’était une action organisée en 2-3 jours pour mettre en surveillance les supermarchés, indique Cédric Soenen, vice président des Jeunes agriculteurs de l’Oise. Je pense qu’il y aura d’autres opérations, mais je ne sais pas encore lesquelles."
Des produits retirés des rayons
Julien Degry, agriculteur a Miraumont (Somme), a participé aux actions dans deux supermarchés de Formerie, dans l'Oise. "On se rend compte qu’il y a quand même pas mal d’importation, constate ce jeune éleveur de vaches laitières. Des viandes surgelées d’Espagne, d’Italie et de Nouvelle-Zélande, ainsi qu’une palette de lait." Et ce n’est pas tout. "Il y a beaucoup de produits d’origine inconnue, selon l'agriculteur. Nous, on veut que tout soit étiqueté."
Les Jeunes agriculteurs ont rencontré le responsable du magasin. "On lui a demandé de remettre en réserve ces produits et il l'a fait, affirme Julien Degry. On verra dans les semaines à venir, peut-être qu’on refera des contrôles pour vérifier."
On est dans une région rurale, les gens nous comprennent.
Rebelotte au Simply Market. Ici les agriculteurs ont fait enlever une palette de lait et ont accroché une nouvelle banderole : "Partagez vos marges". C’est leur seconde bataille, les "marges abusives" des supermarchés. "On se rend compte des différences entre prix producteur et prix supermarché et on se demande où elles passent", explique Julien Degry.
Les agriculteurs demandent aux grandes et moyennes surfaces de rogner sur leurs marges pour favoriser le producteur. "On ne veut pas que le consommateur subisse les répercussions", prévient Julien Degry. L’agriculteur se satisfait d’ailleurs de la manière dont l’opération a été accueillie par les clients des supermarchés de Formerie : "Il y a pas mal de soutien, peut-être parce qu’on est dans une région assez rurale, avec beaucoup de gens liés au monde agricole, qui comprennent relativement bien."
Le président de la FNSEA veut calmer le jeu
Dans d’autres régions, les éleveurs maintiennent une pression encore plus forte. Les enseignes bon marché Leader Price et LIDL ont été en plusieurs endroits dénoncées pour l'origine de leurs viandes. Des déchets ont également été déversés aux entrées et des produits volés pour les remettre aux Restos du cœur.
Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, a appelé les éleveurs à faire preuve de mesure dans leurs actions sur le terrain. "Je comprends et je vis l'exaspération des éleveurs qui souffrent mais je leur demande dans les nouvelles actions syndicales qu'ils entreprennent de respecter les biens et les personnes", a dit Xavier Beulin.