Premier maire noir de Belgique et d'origine congolaise, Pierre Kompany estime "qu'il y a eu trop de non-dits", et qu'il faut maintenant que l'ancienne puissance coloniale présente "des excuses".
À propos de l'occupation belge du Congo "il y a eu trop de non-dits", "comme dans certaines familles", et l'ancienne puissance coloniale doit désormais présenter "des excuses", estime l'élu belge d'origine congolaise Pierre Kompany, dans un entretien à l'AFP.
"Il y a une réalité flagrante, elle n'est pas discutable", selon celui qui a été en 2018, le premier maire noir du pays. Il appelle à "dire la vérité" à l'approche des 60 ans de l'indépendance congolaise, le 30 juin 1960.
"Si l'État présente ses excuses ça serait déjà beaucoup. Mais si la famille royale le fait aussi, elle en sortirait grandie". "Les excuses doivent venir en fait de l'État et du Roi" Philippe, insiste le maire de Ganshoren, dans la région de Bruxelles.
Le rôle de Léopold II fortement soulevé
La mort de George Floyd a également ravivé le débat en Belgique. Un débat porté sur les violences de la période coloniale au Congo et le rôle de l'ancien roi Léopold II (1835 - 1909), dont ce vaste territoire africain fut longtemps la propriété privée.
Selon les historiens, la colonisation au XIXe siècle du Congo, sous l'autorité de Léopold II, a été très brutale, marquée par le recours au travail forcé pour exploiter le caoutchouc.
Pour Pierre Kompany, les statues de l'ancien souverain auraient dû depuis des années être remisées dans les musées pour éviter les actes de vandalisme subis ces derniers jours.
"Personne n'entrerait dans un musée pour casser" et les admirateurs de ces statues "payeraient pour aller les voir", ironise celui qui est aussi député bruxellois depuis 2014.
Pour assumer ce passé et l'enseigner à l'école, "la responsabilité appartient aujourd'hui d'abord à l'État belge", selon le bourgmestre.
Il attend aujourd'hui une reconnaissance de la Belgique, un pardon qui "ferait du bien" aux Congolais.
Un maire né au Congo, pendant la colonisation
Né à Bukavu (dans l'est du Congo) en 1947, Pierre Kompany fuit son pays en 1975 après avoir été l'un des animateurs d'un soulèvement d'étudiants.
Aidé par un ami médecin, il prétexte une maladie imaginaire à soigner à l'étranger pour venir à Bruxelles, où il doit travailler comme chauffeur de taxi pour financer la poursuite de ses études d'ingénieur, raconte-t-il.
Il devient citoyen belge en 1982, où il se marie et a trois enfants. Parmi eux, Vincent Kompany, célèbre joueur de l'équipe nationale belge de football, actuellement joueur et entraîneur du club d'Anderlecht.