L'Université de Gand se défend.
La langue des signes flamande est-elle antisémite ? Une association représentant la communauté juive d'Europe a adressé un courrier au recteur de l'Université de Gand pour lui demander de modifier le dictionnaire de la langue des signes mis en ligne sur son site, reconnu par le gouvernement.
Sur la page du dictionnaire consacrée au mot "juif" ("jood") les deux signes présentés en vidéo interrogent : sur le premier, on voit une femme mimer un nez crochu, tandis que sur la deuxième vidéo un homme mime des papillotes tombant de la chevelure.
"À la limite de l'acceptable"
Ces vidéos sont accompagnées de la mention "connotation négative", mais cette interprétation n'en demeure pas moins "à la limite de l’acceptable, puisqu’elle peut véhiculer des préjugés", affirme Menachem Margolin, le directeur de l’association.
Ailleurs, et notamment en France, d'autres signes existent pour désigner le mot "juif" : dans un dictionnaire français, notamment, l'un montre un arc de cercle en-dessous du menton.
Le Centre flamand de la langue des signes a d'abord réagi à la polémique en soulignant dans un communiqué que ce dictionnaire avait un objectif "descriptif" et non "normatif"
L'Université de Gand, elle, a souligné que le dictionnaire était le fruit d'une analyse lexicographique, menée par ce centre, et parmi lesquels figurent des Gantois. "Le dictionnaire se trouve sur un serveur de l'université en raison du contexte de sa réalisation".
Des plumes pour le mot "Indien"
Interrogée sur une radio (lien en néerlandais), la directrice du Centre flamand de la langue des signes Lisa Rombouts "comprend que cela puisse être offensant pour certaines personnes." Elle conteste toutefois que le geste ait été inventé récemment, comme il a été affirmé par ses détracteurs. "Ce geste existait déjà" et est même "le plus ancien parmi cinq variantes." Elle confie malgré tout que "le dictionnaire est toujours en mouvement, la langue est toujours en train de changer."
Et de rappeler, d'ailleurs, que plusieurs signes désignant d'autres communautés peuvent être considérés comme racistes. "Il y a, par exemple, le geste pour "indien", qui fait référence aux plumes sur la tête". Tout un lexique qui, rappelle-t-elle, est voué à évoluer.