Le gouvernement belge était confronté lundi à un regain de tensions entre Flamands et francophones dans la périphérie de Bruxelles, une poussée de fièvre qui menace la "paix communautaire" que le Premier ministre Charles Michel avait promise lors de son arrivée au pouvoir il y a un an.
Ce lundi matin, le Flamand Eric De Bruycker a prêté serment comme nouveau bourgmestre de Linkebeek, une commune voisine de Bruxelles. Mais si Linkebeek est géographiquement située en Flandre néerlandophone, environ 85% de ses quelque 4 700 habitants sont francophones. La liste flamande de M. De Bruycker n'avait remporté que 2 sièges sur 15 aux dernières élections communales de 2012, les 13 autres sièges ayant été gagnés par une liste francophone menée par le député libéral Damien Thiéry.
Eric De Bruycker, jusqu'ici inconnu du grand public, se retrouve propulsé à la tête de la petite commune de la banlieue verte de la capitale belge car il a été désigné dimanche à ce poste par la ministre de l'Intérieur de la Flandre, Liesbeth Homans, membre du parti nationaliste Nouvelle alliance flamande (N-VA), qui a refusé à plusieurs reprises de valider la candidature de M. Thiéry au poste de bourgmestre. Depuis des années, la Flandre reproche à l'élu francophone, déjà vainqueur en 2006, d'avoir envoyé à ses administrés des convocations pour les élections rédigées en français, ce qui est contraire aux directives de la région néerlandophone.
"Coup d'Etat démocratique"
Sous ses aspects de querelle de clochers, la question de la périphérie a valeur de symbole des difficultés de cohabitation entre la majorité néerlandophone (60% de la population belge) et la minorité francophone. En prenant le risque l'an dernier de s'allier à trois partis flamands, dont la très puissante N-VA, pour constituer son gouvernement, le libéral francophone Charles Michel avait promis que les questions dites "communautaires" seraient mises de côté pendant les cinq années de la législature.La nomination de M. De Bruycker constitue un "coup d'Etat démocratique", ont immédiatement tonné les centristes francophones tandis que le Parti socialiste, également dans l'opposition, a appelé les francophones à définir une "attitude commune à adopter pour permettre le respect de la démocratie". La formation libérale de Charles Michel, le Mouvement réformateur (MR), tout en évoquant une décision "totalement inacceptable", a surtout souligné qu'il s'agissait d'un "problème communal", refusant jusqu'ici d'en faire un motif de rupture avec son alliée N-VA.