Pour limiter les dégats de la jaunisse de la betterave, le gouvernement souhaite autoriser les planteurs à utiliser un insecticide interdit depuis 2018 "dans des conditions strictement encadrées". La filière sucrière est aujourd'hui en danger à cause de pucerons vecteurs de maladie.
"On accueille positivement cette annonce, forcément ! Depuis plusieurs semaines, on était vraiment très inquiets. Sans solution, on allait vers la fermeture de sucreries, c'est certain!", explique Dominique Fiévez, président de l'Association syndicale betteravière de la Somme.
Depuis mi-avril 2020, des milliers de pucerons verts ont envahi les cultures de betteraves. Vecteurs du virus de la jaunisse, ils mettaient à mal les récoltes, prévues cet automne. Les producteurs demandaient à l'État d'assouplir les procédés d'utilisation d'insecticides. Une demande qui a été entendue, a fait savoir le gouvernement ce jeudi 6 août.
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— Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation (@Agri_Gouv) August 6, 2020
Le ministère de l'Agriculture a annoncé qu'il prévoit d'obtenir une modification législative cet automne, introduisant une dérogation au maximum jusqu'en 2023. Il s'agit de donner l'autorisation aux agriculteurs d'utiliser des néonicotinoïdes afin de protéger les semences. Ces insecticides ont été interdits de tout usage phyotsanitaire en septembre 2018. En effet, ils s'attaquent au système nerveux des insectes, et donc à celui des pollinisateurs comme les abeilles.
Un argument qui ne tenait pas, selon Dominique Fiévez, dont les cultures se trouvent dans la Somme: "Les pollinisateurs comme les abeilles ne viennent pratiquement pas sur les betteraves, car elles ne développent pas de fleurs. Alors ça n'avait pas de sens! Mieux vaut enrober les semences avec cet insecticide, que de pulvériser un aérosol ensuite!".
Cette solution est privilégiée en attendant de trouver un gène résistant à la jaunisse pour que la betterave soit immunisée. "Mais pour le moment, on ne l'a pas, et ça serait la seule solution technique qui nous soulagerait vraiment", explique Dominique Fiévez.
Selon le ministère, il y avait "urgence à agir". Cette crise fragilise tout le secteur sucrier, créant un risque d'abandon de la filière par les agriculteurs. Cette mesure s'inscrit dans un plan de soutien plus global de la part du gouvernement. Il prévoit de mobiliser cinq millions d'euros supplémentaires dans la recherche pour trouver le fameux gène résistant de la betterave. Et aussi pour indemniser les planteurs ayant enregistré des pertes importantes en 2020, à cause de la crise de la jaunisse.
La France est le premier producteur de sucre européen, avec 46 000 emplois dont 25 000 agriculteurs et 21 sucreries. La moitié des producteurs se trouve dans les Hauts-de-France.