Sans elle, ces marches n'auraient probablement jamais eu lieu...
Elle n'a que 16 ans et a été accueillie chaleureusement ce jeudi matin au sein du Conseil économique et social européen à Bruxelles. Il y a un mois, elle manifestait en Suisse, au Forum économique mondial de Davos, et en décembre elle prenait la parole devant la 24e conférence de l'ONU sur le climat en Pologne.Greta Thunberg, en "grève" du climat depuis août dernier, s'est rapidement fait connaître comme la figure de proue d'une prise de conscience écologique chez les jeunes.
Á tel point que sa présence ce jeudi dans la Marche pour le climat – qui lui doit beaucoup – a été mouvementée : sous le soleil, alors que des nuées d'adolescents scandent son nom, "Greta", la Suédoise a du mal à s'extirper de l'attroupement provoquée par sa présence, encerclée par les journalistes.
One solution: climate revolution!
— Moana Genevey ? (@moanagenevey) 21 février 2019
Happening right now in Brussels, thousands of young people marching in the streets to demand climate justice. And @GretaThunberg is leading the way.
This is historic. #YouthForClimate #ClimateStrike pic.twitter.com/79Wat9eJW2
"Des dizaines de milliers d'étudiants manifestent pour le climat dans les rues de Bruxelles, a-t-elle dit devant le Comité économique et social européen, en présence notamment de Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne. Des centaines de milliers font la même chose dans le monde entier. Les gens nous disent toujours qu’ils sont plein d’espoir. Ils espèrent que nous allons sauver le monde. Mais ce n’est pas possible. Nous n’avons pas le temps d’attendre de devenir des adultes, de devenir, nous, les responsables. En 2020, il faudra avoir inversé la courbe des émissions, les faire diminuer. C’est l’année prochaine ! Nous savons que la plupart des responsables politiques ne veulent pas discuter avec nous, ok. Nous non plus !". Et elle a conclu : "L'espoir est quelque chose qui se gagne, vous ne semblez pas l'avoir compris. Si vous estimez que nous perdons notre temps en brossant les cours, alors dites-vous bien que vous, vous avez perdu des années en ne faisant rien!".
One solution: climate revolution!
— Moana Genevey ? (@moanagenevey) 21 février 2019
Happening right now in Brussels, thousands of young people marching in the streets to demand climate justice. And @GretaThunberg is leading the way.
This is historic. #YouthForClimate #ClimateStrike pic.twitter.com/79Wat9eJW2
Un ancêtre pas anodin...
Née le 3 janvier 2003, Greta Thunberg est la fille d'une chanteuse d'opéra (qui a représenté la Suède à l'Eurovision il y a dix ans) qui a mis fin à sa carrière en choisissant, par conviction environnementale, de ne plus prendre l'avion. Convaincue par la jeune fille, la famille Thunberg se déplace désormais à pied ou à vélo, et possède une voiture électrique qu’elle n’utilise qu’en cas d’absolue nécessité, explique The Guardian.
Elle compte aussi parmi ses ancêtres un certain Svante Arrhenius, un chimiste qui a découvert à la fin du XIXe siècle que les rejets de gaz avaient un effet sur le réchauffement climatique.
"Skolstreijk för klimatet"
Les projecteurs se braquent sur Greta Thunberg lorsque le 20 août 2018, elle décide de ne pas se rendre en cours jusqu'aux élections suivantes (prévues deux semaines plus tard) et s'assoit tous les jours devant le parlement suédois pour réclamer que la Suède – victime pendant l'été d'une vague de chaleur et d'incendies de forêt – réduise ses émissions de carbone comme le prévoit l'accord de Paris.
Son slogan, "Grève nationale pour le climat" (en suédois : "Skolstreijk för klimatet") a été repris notamment en Belgique où pour le septième jeudi de suite, les jeunes "brossent les cours". Une marche qui a depuis fait des émules jusqu'en Australie. En France, la mobilisation est beaucoup plus timide.
"Nous les autistes, sommes des personnes normales"
Être diagnostiquée autiste Asperger n'a en tout cas pas empêché la jeune fille de s'adresser directement à l'assemblée des Nations unies : "Vous dites que vous aimez vos enfants par-dessus tout et pourtant, vous volez leur futur devant leurs yeux".
Elle s'était également exprimée sur son syndrome en expliquant que "par bien des aspects, nous les autistes, sommes des personnes normales". Vegan, elle a également été citée par le Time Magazine dans sa liste 25 jeunes les plus influents du monde en 2018.
Greta Thunberg répond aux critiques
Pourquoi Greta Thunberg se mobilise-t-elle autant ? A-t-elle des gens derrière elle ? Pourquoi ne s'engage-t-elle pas dans une association ? Dans un long post Facebook, la jeune Sudéoise a répondu largement à ces critiques :-Sur ses motivations : “Beaucoup de gens aiment répandre des rumeurs disant que j’ai des gens « derrière moi » ou que je suis « payée » ou « utilisée » pour faire ce que je fais. Mais il n’y a personne « derrière » moi, sauf moi-même. Mes parents étaient aussi éloignés que possible des militants climatiques avant que je ne leur fasse prendre conscience de la situation. Je ne fais partie d’aucune organisation. Je soutiens et coopère parfois avec plusieurs ONG qui travaillent dans les domaines du climat et de l’environnement. Mais je suis absolument indépendante et je ne représente que moi-même.
Et je fais ce que je fais complètement gratuitement, je n’ai reçu aucune somme d’argent ni aucune promesse de paiements futurs, sous quelque forme que ce soit. Et personne lié à moi ou à ma famille ne l’a fait non plus. Et bien sûr, ça restera comme ça. Je n’ai pas rencontré un seul militant climatique qui se batte pour le climat pour de l’argent. Cette idée est complètement absurde. De plus, je ne voyage qu’avec la permission de mon école et mes parents paient les billets et l’hébergement.”
-Sur son âge et son trouble autistique : “Certaines personnes se moquent de moi à cause de ma différence. Mais Asperger [2] n’est pas une maladie, c’est un don. Les gens disent aussi que, parce que j’ai Asperger, je n’aurais pas pu décider seule de me mettre dans cette position. Mais c’est exactement pour cette raison que je l’ai fait. Parce que, si j’avais été « normale » et sociable, j’aurais intégré une association, ou j’en aurais fondé une moi-même. Mais comme je ne suis pas très sociable, j’ai fait la grève de l’école à la place. J’étais tellement frustrée que rien ne soit fait pour lutter contre la crise climatique et j’avais l’impression que je devais faire quelque chose, n’importe quoi. Et, parfois, NE PAS faire les choses — comme simplement s’asseoir devant le Parlement et ne plus aller à l’école — parle bien plus fort que d’agir. Comme un murmure est parfois plus fort qu’un cri.
Il y a aussi une critique selon laquelle je « parle et écris comme un adulte ». À cela, je ne peux que répondre : ne pensez-vous pas qu’une adolescente de 16 ans puisse parler d’elle-même ? Il y a aussi des gens qui disent que je simplifie trop les choses. Par exemple, quand je dis que « la crise climatique a une réponse simple : c’est tout noir ou tout blanc », « nous devons arrêter les émissions de gaz à effet de serre » et « je veux que vous paniquiez ». Mais je dis ça parce que c’est vrai.”
-Sur les cours séchés : “L’objectif était de trouver des nouveaux projets pour attirer l’attention sur la crise climatique. Notamment que les écoliers fassent quelque chose dans les cours d’école ou dans les salles de classe, comme les étudiants de Parkland qui avaient refusé d’aller à l’école après la fusillade. J’ai aimé l’idée d’une grève scolaire. Je l’ai donc développée et j’ai essayé d’amener les autres jeunes à se joindre à moi, mais personne n’était vraiment intéressé. Ils pensaient qu’une version suédoise de la marche Zero Hour aurait des effets plus importants. J’ai donc continué à planifier la grève de l’école toute seule et après cela, je n’ai plus participé à d’autres réunions avec ce groupe. Quand j’ai parlé de mes projets à mes parents, ils n’ont pas été conquis. Ils n’étaient pas favorables à une grève dans les écoles et ils ont dit que, si je le faisais, je devais le faire toute seule et sans leur soutien.”