Calais : un serveur accusé d'avoir refusé de servir des jeunes migrants

Le serveur d'un bar-brasserie connu à Calais est accusé par un travailleur social d'avoir refusé de servir des jeunes migrants : "On ne sert pas ces gens-là ici". Le patron affirme avoir porté plainte pour diffamation. 

"Éducateur, hier soir, j'emmène les 5 garçons M.I.E. (Mineurs Isolés Étrangers) et une jeune fille, tous accueillis au sein du foyer dans lequel je bosse aller boire un verre en ville. (...) Je suis assis de dos à l'entrée et quelques instants après notre arrivée, j'entends venant de derrière moi : "Ça ne va pas être possible monsieur !". Je me retourne et lui demande très poliment pourquoi (j'avais compris tout de suite, vous imaginez bien). Il me répond d'un air condescendant et méprisant la phrase dont vous allez tous imaginer la tonalité : "On ne sert pas ces gens-là ici".

Ce texte est un court extrait d'un statut publié ce dimanche par E. S. sur sa page Facebook. "Mon patron et moi, on ne sert pas les migrants", "T'as qu'à les appeler tes putains de flics", affirme-t-il avoir également entendu.

"Ils l'ont vécu avec le sourire"

Révolté par ce qu'il a vu et entendu, ce travailleur social a choisi d'en témoigner. Son message a été partagé près de 1500 fois et suscite de nombreux commentaires. Nous l'avons contacté : il souhaite rester discret mais nous a précisé que les migrants mineurs concernés par cet incident ne vivaient pas dans la "Jungle" de Calais mais dans un foyer de la ville. "Ils nous sont envoyés par des assocs ou la PAF. Ils vivent au foyer avec les autres jeunes et ça se passe super bien. Ils sont Afghans, Erythréens, Soudanais etc. Ils ont vécu l'horreur et ils scandaient "Allez la France" à l'Euro." Comment ont-ils vécu ce qui s'est passé dans le bar ce samedi soir ? "Ils l'ont vécu avec le sourire, me disant par la suite que c'est peut-être parce que ce commerçant a été volé par d'autres vilains migrants. Limite, ils l'excusaient."

Plainte en diffamation

Le patron du bar "Au Calice", boulevard Jacquard à Calais, lui ne décolère après la lecture de ce message qui lui est rapidement revenu aux oreilles. "C'est une honte. C'est un torchon ! Honnêtement, je n'ai rien à répondre. Je ne me sens surtout pas concerné. Je suis allé déposer une plainte pour diffamation. Tout ce qui a été mis sur la page Facebook, ça ne correspond pas à notre image. On est en train d'essayer de salir la réputation de mon établissement. Ça fait trente ans que je travaille ici, je n'ai jamais eu aucun souci. Vous savez que ce dimanche, on m'a menacé de mort par téléphone !"

Il n'était pas présent dans l'établissement au moment des faits. Son serveur a-t-il tenu les propos rapportés par l'éducateur social ?  Pas de réponse précise. "Je n'étais pas dans l'établissement. Il m'a donné sa version des faits mais je ne vous en dirai pas plus." E.S. maintient lui sa version et se dit prêt à aller au tribunal. Il reçoit de nombreux témoignages de soutien sur sa page Facebook. 

Pierre Nouchi, président du syndicat professionnel des cafés, hôtels, restaurants de Calais Côte d'Opale (UMIH), lui, souhaite que cet "incident" ne fasse pas polémique : "Je lui ai parlé. Et je lui ai dit de ne pas en rajouter. On n'a pas besoin ça sur Calais. Une polémique de plus ne ferait pas du bien surtout au moment. Cet employé a eu peut-être des mots malheureux. Le patron n'est pas forcément maître de ses employés quand il n'est pas là. Vous savez, les Calaisiens sont des gens de consensus. Ils ont montré qu'ils avaient beaucoup de calme. Et puis, il y a parfois de la colère. Dans la "Jungle", il y a des commerces illicites. Ils se passent des choses graves, il y a des morts..." Et il précise : "C'est la première fois, à ma connaissance, qu'on me remonte un incident de ce type. Je n'ai jamais eu de remontées négatives à Calais."

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité