Une Britannique de 41 ans a été condamnée mercredi à un an de prison dont neuf mois avec sursis par la cour d'appel de Rouen pour avoir voulu faire passer en Angleterre un adolescent syrien qui vivait dans la "Jungle" de Calais.
Roisin B. avait dissimulé le garçon de 15 ans dans le coffre de sa voiture et s'apprêtait en novembre dernier à prendre un ferry de Dieppe à Newhaven, quand elle a été appréhendée par la police de l'air et des frontières. Cette mère d'un enfant, serveuse de profession dans la banlieue de Londres et escort-girl occasionnelle, était venue chercher l'adolescent dans la "Jungle" de Calais, le camp de migrants qu'elle connaissait bien pour l'avoir fréquenté en tant que bénévole. Elle avait accepté 500 livres (650 euros) d'un Irakien, qui avait séjourné dans le camp de Calais mais qui avait réussi à passer en Angleterre. Il lui avait demandé de ramener l'adolescent et elle avait accepté "pour des raisons humanitaires".
Jugée en première instance et en comparution immédiate en novembre par le tribunal correctionnel de Dieppe, elle avait écopé d'un an de prison ferme avec mandat de dépôt. Son avocate dieppoise Najma Ouchene a indiqué que Roisin B. avait été "durement sanctionnée" en première instance alors qu'elle n'avait "aucun antécédent judiciaire". Pour l'avocate, "on a voulu faire passer un message pour que Dieppe ne devienne pas une passoire à migrants". La peine de trois mois de prison ferme infligée en appel va couvrir le temps de détention déjà effectué à Rouen. Elle devrait être libérée le 12 février. Pour Me Ouchene, sa cliente n'a pas fait cela pour des raisons financières. Par le passé "elle avait retiré de l'argent de son compte pour aider des migrants de Calais", a-t-elle affirmé. "Mais ses activités d'escort-girl ne l'ont pas aidée", a-t-elle ajouté, expliquant qu'elle a été soupçonnée d'accepter facilement d'être payée. Sa condamnation en appel a été assortie de cinq ans d'interdiction du territoire français.
La semaine dernière le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) s'était montré clément à l'encontre d'un autre bénévole britannique, Robert Lawrie, qui n'avait été condamné qu'à une peine d'amende de 1 000 euros avec sursis après avoir tenté de faire sortir une fillette afghane du camp de Calais pour la conduire au Royaume-Uni. Contrairement à Roisin B., il n'avait touché aucune somme d'argent et n'avait pas prémédité son acte. M. Lawrie s'était engagé "dans un combat alors que Mme Roisin B. a choisi la discrétion, à cause de son enfant", souligne Me Ouchene.