À Armentières, à Flers-en-Escrebieux ou encore à Amiens, des salariés de l’enseigne Carrefour ont débrayé, ce samedi 3 avril, pour réclamer des augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail.
Autour du feu, les visages sont crispés. Il est 6h du matin et il fait encore froid en ce début avril, mais les salariés de Carrefour Amiens sont déterminés à faire entendre leur voix. "On ne lâchera rien !", prévient le délégué syndical CFDT du magasin, Julien Sire.
Les augmentations obtenues lors des négociations annuelles sur les salaires ne satisfont pas les employés présents. "Ça représente, pour un salarié comme moi, 8,36 euros par mois d’augmentation en sachant que notre dirigeant national M. Bompard, l’année dernière, a perçu 7,5 millions", explique Julien Sire.
Des performances qui laissent amer
Un peu partout dans les Hauts-de-France, des salariés se sont mobilisés à l’appel de la CFDT et de la CGT. À Quiévrechain, à Lomme, à Jeumont, à Avesnes-sur-Helpe ou encore à Fourmies, les clients ont été accueillis par des grévistes, soucieux de se faire entendre.
Tous revendiquent une meilleure redistribution des richesses. Le groupe a affiché en 2020 un chiffre d’affaires en hausse de 7,8% - une performance jamais vue depuis 20 ans - et ces annonces laissent un goût amer.
En fin de compte, Carrefour a fait les plus beaux records en chiffre d’affaires grâce à la crise sanitaire avec tout ce qui s’est passé sur le territoire national […] et ici, on est sous la menace d'une location-gérance.
La location-gérance, c’est ce que craignent 40 magasins pour 2021. Les grévistes demandent le retrait de ce projet, qui ferait perdre aux salariés concernés les avantages de leur convention collective.
"Les magasins qui sont déjà en location-gérance ont eu beaucoup de pertes au niveau des primes, le 13e mois, et tout ce qui s’en suit", explique Isabelle Delgrange, secrétaire CFDT du CSE de Carrefour Armentières.
"On nous chronomètre presque..."
L’amélioration des conditions de travail fait aussi partie des revendications. "Les employés travaillent dans des conditions de plus en plus compliquées, ajoute Isabelle Delgrange. Pas d’embauche, la polyvalence : […] nous montrons notre ras-le-bol."
"On nous chronomètre presque, constate de son côté Christine Robin, équipière de vente à Amiens. On nous demande un temps pour chaque palette avant ça, ça n’existait pas. Et pourtant, ça fait 19 ans que je suis ici…"
Un intéressement et une participation en hausse
De son côté, le groupe Carrefour met en avant les mesures prises récemment qui témoignent d’une reconnaissance envers ses salariés. "En mai dernier, nous avons versé une prime Covid de 1000 euros aux 85 000 salariés des magasins et des entrepôts. […] Nous l’avons fait sans condition ni prorata", explique-t-on.
Et d’ajouter : "Les résultats de Carrefour sont bons, mais tout le monde y gagne avec l’intéressement et la participation". Le groupe précise que les salariés vont percevoir "en moyenne 1350 euros pour l’année", et ajoute que grâce aux négociations annuelles sur les salaires, "un employé de caisse en 2021 aura un gain de pouvoir d’achat de 530 euros brut".
Malgré cela, les salariés rencontrés se disent en manque de reconnaissance. Pour eux, les bons résultats du groupe sont le résultat de leur travail et de leur investissement et ils estiment que pour le moment, les mesures annoncées ne sont pas suffisantes.