Le périmètre des plans particuliers d'intervention (PPI) autour des sites nucléaires en cas d'incident va être étendu à 20 kilomètres, contre 10 actuellement, a annoncé mardi la ministre de l'Environnement et de l'Energie Ségolène Royal.
Vivre près d'une centrale nucléaire implique d'être bien préparé et bien informé. Jusqu'à présent, en cas de danger, il est prévu qu'un plan particulier d'intervention (PPI) soit déclenché dans un périmètre de 10 km . Mardi, le ministère de l'environnement a annoncé que celui-ci allait être désormais doublé. "Les autorités européennes de sûreté et de radioprotection avaient recommandé d'étendre les périmètres des PPI, aujourd'hui prévus jusqu'à 10 km en France", a déclaré la ministre Ségolène Royal. "Dans d'autres pays, c'est déjà 20 km (...) Maintenant, il y a une homogénéisation", s'est-elle félicitée.
Pour le site nucléaire de Gravelines, le PPI va donc s'étendre jusqu'à Calais, Ardres, Dunkerque ou encore Coudekerque-Branche. Les nouvelles communes concernées avaient déjà pris des mesures toutefois. "Un plan communal de sauvegarde existe et il y a dedans cette hypothèse", explique David Bailleul, le maire MRC de Coudekerque-Branche. "Sauf que nous n'avions pas la possibilité d'une distribution de capsules d'iode. Voilà une différence notable, très concrète qui pourrait concerner directement ma population".
La distribution de comprimés d'iode, qui a lieu tous les quatre ans, vient de commencer dans l'ancien périmètre. Pour l'instant, il n'y a pas encore les moyens de l'étendre. "On aurait bien aimé que cette annonce d'élargissement s'accompagne également d'une bonne nouvelle sur l'aspect financier", regrette Paul Christophe, maire de Zuydcoote et président de la Commission Locale d'Information. "Nous allons donc devoir élargir notre champ d'investigation auprès du public, mais aujourd'hui il n'y a rien de concret sur l'élargissement de nos moyens financiers".
Insuffisant pour les écologistes
Les PPI visent à protéger les populations, les biens et l'environnement face aux risques liés notamment aux installations nucléaires. Déclenchés par les préfets, ils prévoient notamment l'information de la population, la mobilisation des hôpitaux, l'organisation d'une éventuelle mise à abri de la population... Cette extension constitue une petite avancée en cas d'incident nucléaire bien que la zone réelle de danger dépasse ce rayon de 20 km autour de la centrale. "L'impact radiologique de l'accident de Fukushima s'étendait sur un périmètre de 100 km", rappelle d'ailleurs Greenpeace. "En ce qui concerne la catastrophe de Tchernobyl, le périmètre était de 300 km"."En plein anniversaire de Tchernobyl, Ségolène Royal se contente de jeter des miettes !", a réagi l'ONG Sortir du nucléaire. "Elle a consenti un petit geste dont on ne saurait se satisfaire", ajoute-t-elle dans un communiqué. "Le périmètre de 10 km était certes dérisoire, mais 20 km restent notoirement insuffisants". Pour Stéphen Kerckhove, délégué général d'Agir pour l'Environnement, "il y a quelque chose de dérisoire à croire qu'un périmètre d'intervention passant de 10 à 20 km serait de nature à mieux gérer une catastrophe nucléaire". "L'élargissement du périmètre d'intervention autour des centrales nucléaires n'est pas une décision mais l'aveu de l'échec !, "écrit-il dans un communiqué, rappelant que "le nuage de Tchernobyl s'est déplacé sur plusieurs milliers de kilomètres, contaminant plusieurs dizaines de milliers de villages".
En Belgique, l'ensemble de la population belge va recevoir des pilules d'iode
L'ensemble de la population belge, soit environ 11 millions de personnes, va recevoir à titre préventif des pilules d'iode, qui permettent de protéger la thyroïde face à la radioactivité, a annoncé la ministre belge de la Santé, Maggie De Block, citée ce jeudi par le journal La Libre Belgique. La mesure concernait jusqu'à présent uniquement les personnes vivant dans un périmètre de 20 km autour des centrales nucléaires belges de Tihange et Doel, de celles proches de la frontière belge (Chooz en France, et Borssele aux Pays-Bas), ainsi que des centres de recherche nucléaire de Fleurus et Mol.Le gouvernement fédéral s'est rangé derrière un avis du Conseil supérieur de la Santé, qui préconisait de prévoir la distribution d'iode dans un rayon de 100 km autour de ces sites, explique La Libre Belgique.