La Ministre de l'Education Nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a annoncé ce jeudi matin qu'elle était personnellement intervenue pour lever les retenues sur salaire infligées aux enseignants du Lycée du Pays de Condé qui s'étaient mis en grève pour dénoncer des faits de harcèlement scolaire.
"Il n’est aucunement question de faire une retenue sur salaire, je suis intervenue dans cette affaire pour lever ce type de décision", a déclaré Najat Vallaud-Belkacem ce jeudi matin dans l'émission "Les 4 Vérités" (France 2). "La question s’était posée parce que le mode d’action choisi par les professeurs était le droit de retrait et le droit de retrait s’utilise normalement en cas de danger imminent, c’est un peu particulier… mais en tout état de cause, je suis intervenue dans cette affaire et on ne leur a rien prélevé sur salaire."
"Au lycée de Condé, les faits de harcèlement étaient assez durs, violents, d’ailleurs, les jeunes auteurs ont été mis en examen", a ajouté la ministre de l'Education Nationale. "Il y a une procédure judiciaire qui a été engagée, ils ont bien entendu été expulsés, exclus, de l’établissement scolaire et la situation aujourd’hui est rétablie. Moi, j’insiste sur le fait qu’il n’y a pas de fatalité au harcèlement. Il y a la nécessité de le traiter très vite, notamment par le chef d’établissement, l’équipe pédagogique, pour ça, le Ministère, depuis deux ans, démultiplie les outils, les protocoles pour savoir comment agir, comment parler aux enfants pour libérer la parole, quelles sanctions prendre, etc… il y a cette nécessité là au niveau de l’établissement, mais aussi au niveau de la justice, car le harcèlement ça se traite."
Menacés d'un retrait sur salaire
L'affaire remonte au 3 octobre, lorsque des enseignants du Lycée du Pays de Condé, à Condé-sur-l'Escaut (Nord), s'étaient mis en grève pour dénoncer des faits de harcèlement scolaire, dont un élève de seconde se plaignait. Ce dernier avait porté plainte, accusant notamment des "camarades" de l'avoir suspendu à deux reprises par les pieds du haut d'une passerelle. Entre autres humiliations, pour certaines d'entres elles reconnues par les auteurs eux-mêmes. Sept élèves ont été mis en cause dans cette affaire, parmi lesquels trois principaux protagonistes qui ont été mis en examen et exclus de l'établissement à l'issue d'un conseil de discipline.
Les professeurs, qui s'étaient mis en grève en signe de soutien au lycéen harcelé, avaient été sanctionnés par leur hiérarchie par des retenues sur salaire. Des sanctions dénoncées par le député-maire (PCF) de Saint-Amand-les-Eaux, Alain Bocquet, qui avait adressé un courrier fin octobre à la ministre de l'Education Nationale pour demander leur levée. "Il faut respecter et protéger ces lanceurs d'alerte", avait plaidé l'élu dans sa lettre. "On a besoin d'eux pour vaincre ce mal inquiétant du harcèlement et de la violence à l'école".