Pour la durée du confinement, les établissements vétérinaires doivent suspendre les prises en charge non-urgentes pour diminuer leur fréquentation. Nathalie Lavieille, vétérinaire dans la Somme, fait le point sur les recommandations pour les propriétaires d'animaux de compagnie.
Si les animaux de compagnie ne semblent pas souffrir du Covid-19, leurs déplacements accompagnés de leurs maîtres sont sujets à aménagements en période confinement. Quatre jours après le début des mesures annoncées par Emmanuel Macron, Nathalie Lavieille, vétérinaire à Longueau et membre du Conseil régional de l'ordre note "un manque de discipline et un manque de compréhension" de la part de nombreux propriétaires qui craignent une rupture des soins pour leurs compagnons. Et tient à les rassurer en ce sens.
Quelles sont les consignes pour les vétérinaires ?
On a interdiction de faire des vaccins, quel que soit l'animal : chat, chien, jeune ou vieux. Même pour les chiots. On ne peut plus faire de vaccins et on ne peut plus faire de chirurgie de convenance, c'est-à-dire tout ce qui est ovariectomie ou castration.
La vaccination ne relève pas d'une situation d'urgence vitale pour l'animal. La vaccination des animaux domestiques doit donc être reportée pendant toute la période de confinement https://t.co/3e1xOaDCPe #COVID19 #Vétérinaires pic.twitter.com/whxt6E31mA
— Ordre des Vétérinaires (@OrdreVet_France) March 19, 2020
Le but de ces mesures qui sont imposées, c'est de protéger la population, limiter les flux. Dans ma structure, on est cinq vétos. On doit avoir une quarantaine de vaccins par jour. Ça fait toujours 40 personnes qui passent.
Est-ce qu'il faut s'inquiéter de cette interruption des vaccinations pour les animaux ?
Les vaccins protègent quand même pendant un mois, un mois et demi, après la date butoir. Si on ne s'y est pas pris au dernier moment, normalement, on a encore un mois, un mois et demi devant nous. J'espère qu'à ce moment-là, on aura des mesures de circulation moins strictes.
Et pour les chiots, les chatons, ou les animaux pour lesquels ce délai est dépassé ?
Les chatons ne sortent pas, les chiots on les sort en laisse. Si on a un jardin personnel, au sein de ce jardin il n'y a pas de risque s'il n'y a pas d'autres animaux qui y ont accès. La contamination, elle passe essentiellement par les défécations, c'est-à-dire les selles ou les urines des autres chiens.
Si on le balade sur du béton ou du goudron, pas dans la terre, pas dans l'herbe, on craint quand même nettement moins. Quand vous marchez avec vos chaussures dans de la terre ou autre, il suffit en rentrant de les mettre dans un endroit où l'animal n'a pas accès. Là, on limite énormément les risques. Ça permet de pouvoir différer un vaccin qu'on reprendra dès que les mesures seront un peu plus assouplies.
Et en cas d'urgence ?
Pour les urgences, les vétérinaires restent ouverts aux heures habituelles. Par contre, il faut téléphoner à la structure avant. On est que sur rendez-vous. Pour les médicaments ou les aliments, [les propriétaires d'animaux] peuvent toujours venir les chercher mais ils doivent appeler leur vétérinaire avant.
Les gens doivent comprendre que certaines structures commencent à être fermées parce que les vétos sont malades. Il y a des mesures d'hygiènes qui sont prises dans les structures vétérinaires, cabinets ou cliniques. Il y a le respect du mètre entre chaque personne. Les gens rentrent un par un dans les structures. Il faut absolument qu'ils appellent avant pour qu'on leur dise à quel moment ils viennent. Et qu'ils fassent attention, s'ils sont malades, à mettre un masque voire à ne pas venir.
L'accès à l'alimentation est toujours garanti ?
On n'a pas de rupture. Si les gens respectent, on n'a pas de rupture. J'ai des gens, lundi, qui sont venus acheter 20 kilos de croquettes pour un chat. Ça ne va pas. Il faut rester raisonnable. On prend pour un mois de traitement pour ne pas ressortir non plus toutes les semaines, mais pas stocker pour trois mois. Il n'y a pas de pénurie actuellement. Si, par contre, tout le monde prend tout, il y en aura.