Alors que le premier Ministre Jean Castex doit s'exprimer sur la prochaine levée des restrictions, les commerçants lillois optent pour la prudence. La situation sanitaire des Hauts-de-France les inquiète et ils n'appellent pas à rouvir le 10 mai, contrairement à leurs collègues nationaux.
"Ma crainte, c’est d’ouvrir trop tôt, et de refermer encore plus tôt", s’exclame Pascal Debliki commerçant dans le Vieux-Lille. Depuis le début de ce troisième confinement, ses clients rechignent à retourner dans son magasin qui vend des appareils et des produits audiovisuels haut de gamme. Des clients "perdus avec ces contraintes de déplacements qui changent tout le temps", explique-t-il. Pourtant, pas question pour lui d’ouvrir le 10 mai. Même s’il comprend les difficultés de ces collègues, Pascal Debliki s’inquiète encore plus de la tension hospitalière.
"Le CHU est toujours aussi débordé, se justifie-t-il, le personnel médical ne voit toujours pas la pression redescendre. Moi je suis chef d’entreprise, ma vision ne se limite pas à 15 jours un mois, il me faut une vision claire : si c’est pour ouvrir en plein hiver alors qu’on attend du soleil, moi je n’y crois pas." Ce directeur de magasin préférerait une ouverture massive des boutiques et restaurants. Pour permettre à sa clientèle de retrouver ses repères et ses envies d’achats.
Même position pour Sébastien Deloux. Ce vendeur de chaussures pour femmes joue pourtant son semestre financier au mois de mai. "C’est un de ces mois où l’on fait du chiffre avec le plus de marge comme en novembre explique-t-il. Comme pour tous les marchands de vêtements. En ce moment je devrais commencer à vendre de la chaussure d’été, ouverte. Chaque année, en prévision de la période estivale, mes clientes s’achètent une nouvelle paire de chaussures. Et celles qui ne peuvent l’acheter en mai, attendront les soldes en juillet-août. Le mois de juin c’est trop tard. Être ouvert, c’est primordial certains mois."
Moi je préfère rester fermé 15 jours de plus et être tranquille ensuite.
"Quand j’ouvre l’application Tous anti-Covid, qu’est-ce que je vois, déclare Romuald Cattoire, président de la fédération des commerçants de Lille, 35.000 nouveaux cas hier, une tension en réanimation dans les Hauts-de-France qui est à 162 %. Je ne suis pas sûr qu’on soit en mesure de rouvrir sereinement le 10 mai." Et pourtant, ce confinement, ce commerçant ne le vit pas extrêmement bien. Son magasin qui vend des appareils photos n’est ouvert que pour le clic and collect deux heures par jour alors que la grande distribution spécialisée est, elle, ouverte aux clients toute la journée. "Moi je préfère rester fermé 15 jours de plus et être tranquille ensuite. Quel modèle économique on va nous imposer pour ouvrir le 10 mai ? Si c’est pour mettre une personne tous les 10 m²… On l’a connu cette réouverture rapide après le premier et le deuxième confinement. Après, à chaque fois, on ferme pour trois mois. "
Plutôt qu’une réouverture plus rapide, Romuald Cattoire préfèrerait travailler dans des conditions plus sûres. "Je milite pour que tous les employés de commerce soient vaccinés, nous les vendeurs dans les magasins, on est les premiers à être en contact avec le public."
Les petits commerçants de la région devraient y voir plus clair après les annonces du premier Ministre.