Dix-huit mois de prison, dont "une partie" avec sursis, ont été requis jeudi contre l'ancien footballeur professionnel Christophe Robert, l'un des protagonistes en 1993 de l'affaire VA-OM, jugé à Bordeaux dans une affaire de contrefaçon de grands crus classés.
Christophe Robert, 54 ans, comparaissait pour vente et tentative de vente de denréefalsifiée ou corrompue, et détention de marchandise présentée sous une marque contrefaisante, pour un montant d'environ 100 000 euros. Son co-prévenu, un forain de 46 ans originaire de l'Hérault qui lui avait vendu les bouteilles incriminées, était jugé pour complicité.Le tribunal correctionnel a entendu comment M. Robert, gérant de société dans le négoce de vin depuis peu, avait acquis, puis revendu ou tenté de revendre à des négociants, entre juin 2017 et mars 2018, trois lots de magnums grand cru, notamment des Gruaud Larose, Pichon Longueville Comtesse de Lalande, Beychevelle, qui pour certains ont fini chez des acheteurs aux Etats-Unis ou en Finlande.
Je ne suis pas négociant, j'essaie de faire des affaires...
Avait-il connaissance du caractère frauduleux des bouteilles ? Il a admis pendant l'enquête avoir eu "un doute sur l'authenticité de ces vins" dont les caisses n'étaient pas d'origine. Mais il a aussi plaidé l'inexpérience et expliqué avoir poursuivi la commercialisation car des négociants professionnels eux-mêmes n'ont, selon lui, rien relevé. "Je ne suis pas négociant, j'essaie de faire des affaires..."
"Bien sûr qu'il avait connaissance de la contrefaçon" des vins, a opposé Nathalie Quéran pour l'accusation, relevant "une contrefaçon grossière" avec des caisses, des capsules, des bouchons qui ne correspondent pas... Et surtout des magnums vendus à 70 euros, trois fois moins que le marché. Elle a demandé pour les deux prévenus 18 mois de prison, dont une partie avec sursis et mise à l'épreuve, et interdiction d'exercer une activité en lien avec les faits poursuivis.
VA-OM ? Des cauchemars 25 ans après
Du passé de M. Robert, il a aussi été question. Son avocat, Christophe Dejean, a décrit un homme passé dans sa jeunesse par "l'enfer juridico-médiatique" de l'affaire VA-OM, dont "il fait encore des cauchemars 25 ans après". Et qui serait "du bon gibier pour psy s'il s'exposait à revenir devant une juridication correctionnelle".
Christophe Robert, qui jouait alors à Valenciennes, avait été condamné en 1995 à six mois de prison avec sursis et 763 euros d'amende, dans l'affaire du match Valenciennes-Marseille (0-1). Plusieurs joueurs valenciennois ayant été achetés par l'OM à six jours d'OM-Milan
en finale de Ligue des Champions.
De l'origine du vin frauduleux, on ne saura pas plus. Acquis il y a des années par le beau-père du co-prévenu, qui se serait alors fait piéger ? "La vérité est dans le vin, qu'elle y reste !", a lancé Me Dejean, citant l'humoriste Pierre Dac.