Avec l'épidémie, nous sommes nombreux à désinfecter nos intérieurs, avec des produits parfois dangereux. Les enfants sont à la maison et le risque d'accidents domestiques augmente. Le Centre Antipoison de Lille, qui couvre la région des Hauts-de-France, a vu ses appels croître de près de 20%.
Toute l’année, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, le Centre Antipoison de Lille est à l’écoute, pour donner par téléphone des conseils sur la conduite à tenir en cas d’intoxication. «Habituellement, nous sommes deux médecins et un étudiant dans le service de 8 heures à minuit, et un seul médecin de minuit à 8 heures », explique le Dr Patrick Nisse, le chef du service. « Mais là, nous sommes passés à trois pendant la journée, toujours avec un étudiant en renfort ».
Conseils et surveillance téléphonique
C’est non seulement le nombre d’appels, mais aussi la typologie des appelants qui ont changé. Les enfants sont confinés, ils tournent parfois en rond et cherchent des occupations. Les parents, de leur côté, ont du mal à les surveiller en permanence, d’autant plus quand ils sont en télétravail.
Le Dr Nisse précise : « Actuellement, on reçoit du lundi au dimanche le genre d’appels qu’on recevait auparavant le mercredi, quand il n’y avait pas l’école ! Heureusement, il s’agit souvent de cas bénins et on essaie de ne pas les envoyer à l’hôpital, déjà sous tension avec l’épidémie. On prodigue des conseils et on met en place une surveillance téléphonique à domicile ».
Attention au gel hydroalcoolique
Il y a bien sûr les cas malheureusement « classiques », comme l’absorption de médicaments, dénichés dans les sacs à main ou les tables de nuit, mais d’autres sont liés plus directement à l’épidémie de coronavirus. Ainsi l’ingestion de gel hydroalcoolique, trouvé par exemple sur la table basse du salon : « Heureusement, la toxicité reste limitée car la quantité avalée l’est aussi. Mais ces solutions contiennent de l’alcool, autour de 70%, et c’est loin d’être anodin pour un jeune enfant ! Cela peut occasionner des chutes ».
Bien utiliser l’eau de javel
Beaucoup d’appels concernent aussi l’eau de Javel ; nous sommes nombreux à vouloir désinfecter et assainir nos intérieurs. Elle est utilisée en grande quantité ces derniers temps, mais pas toujours à bon escient, la faute à de fausses recommandations. Attention aussi à ne pas la laisser traîner et surtout à ne pas la transvaser dans des bouteilles à usage alimentaire.
Et gare aux mélanges ! « L’eau de Javel peut entrainer des intoxications, surtout quand elle est mélangée à des produits comme le vinaigre blanc ou l’ammoniaque », met en garde le Dr Nisse. « Cela provoque une réaction chimique, avec un dégagement de chlore, de la fumée, d’où une toux, les yeux qui pleurent et le nez qui pique. Cela peut déclencher une crise d’asthme ».
Pour désinfecter son environnement, mieux vaut s’en tenir aux recommandations de l’Anses.
Ne pas hésiter à appeler le 0800 59 59 59
Confinement oblige, le Centre Antipoison reçoit désormais beaucoup moins d’appels liés à des accidents du travail, ce qui lui laisse plus de temps pour les autres cas. Et de toutes façons, il prévient : « Mieux vaut appeler pour rien que laisser s’aggraver une intoxication». Que faire en cas d’ingestion d’un produit dangereux ?
- Nettoyez la bouche à l’aide d’un gant de toilette.
- Ne faites jamais boire
- Ne faites pas vomir
- Essayez d’identifier le produit
- Appelez le centre antipoison : numéro vert: 0 800 59 59 59
- N’appelez le Samu (le 15) qu’en cas de détresse vitale