L'équipementier automobile qui compte deux sites de production dans les Hauts-de-France s'est placé en redressement judiciaire. Depuis le début du confinement, l'entreprise a perdu 4 millions d'euros par jour du fait de la fermeture de 40 de ses 45 sites de production.
Victime de la crise du coronavirus, l'équipementier automobile français Novares a été placé en redressement judiciaire. Comme 40 de ses 45 sites de production, les sites de Libercourt (Pas-de-Calais) et de Villers-Bretonneux (Somme) sont arrêtés depuis le début du confinement, générant une perte de "4 millions d'euros" par jour selon le directeur général, Pierre Boulet.
Novares est spécialiste des pièces en plastique pour les moteurs, les tableaux de bord ou l'extérieur des voitures. Il emploie 12 000 salariés dans 22 pays, dont 1.350 en France. Avec l'arrêt de la quasi-totalité de ses usines, le groupe souffrait de problèmes de trésorerie et avait donc demandé le placement en redressement judiciaire de sa holding le 24 avril.
"Paradoxalement, les seules usines qui tournent aujourd'hui sont chinoises. Comme on en est à 6-7 semaines, cela fait presque une centaine de millions qui manquent", expliquait Pierre Boulet, invité sur le plateau de BFM Business, le 10 avril dernier.
"C'est une décision de ma part d'être placé en redressement judiciaire. Nous avons besoin d'un peu plus de 100 millions d'euros pour redémarrer nos 40 usines, les unes après les autres. Ce n'est pas un problème de résultat", tient-il à préciser.
Un redressement judiciaire pour "accélérer le processus de négociation"
Le tribunal de commerce de Nanterre a ouvert la procédure le 29 avril et un administrateur judiciaire a été nommé. Deux issues sont possibles. Soit un plan de continuation de l'activité est approuvé par les actionnaires et les banques, avec éventuellement l'entrée d'un investisseur supplémentaire. Soit le groupe pourrait être cédé.
L'objectif de ce redressement judiciaire, selon Pierre Boulet, est d'"accélérer le processus de négociation" : "Pour redémarrer, il faut du cash. Les discussions que nous avons eues avec nos actionnaires et nos banquiers ont commencé à durer et à traîner. Je me suis retrouvé avec un choix à faire : soit de poursuivre les discussions avec le risque de ne pas pouvoir livrer nos clients soit de brusquer les choses en demandant le placement en redressement judiciaire. Désormais, on est calé sur un plan de redressement en 34 jours, on le tient au jour près."
Novares, qui avait échoué à s'introduire en bourse en 2018, a accumulé une montagne de dettes (400 millions d'euros) pour financer une croissance spectaculaire. Son chiffre d'affaires a doublé depuis 2012 pour atteindre près de 1,4 milliard d'euros.
"Il faut que, fin mai, on ait bouclé le financement des 115 millions d'euros"
Si la rentabilité était bien au rendez-vous ces derniers mois, la crise du Covid-19 et les mesures de confinement, d'abord en Chine, puis en Europe et aux Etats-Unis, ont compromis son équilibre financier.
Les actionnaires actuels, principalement le fonds d'investissement Equistone qui possède 72% du capital et la banque publique d'investissement Bpifrance (15%), ont accepté de prêter 45 millions pour assurer le très court terme. Mais les discussions traînaient avec les banques qui refusaient de remettre au pot sans une augmentation de capital, tandis que les actionnaires n'accordaient pas immédiatement leur aval à cette solution.
"Il faut que fin mai, on ait bouclé le financement des 115 millions d'euros", a expliqué le directeur général. D'ici à mercredi midi, les candidats à la reprise devront se faire connaître.
"Il est assez probable qu'il y ait quelques offres", estime le dirigeant. Selon lui, six organismes ont étudié activement les données financières de Novares. Une audience à Nanterre est prévue le 27 ou le 28 mai pour l'homologation du plan retenu.