En cette période de confinement, les gardiens d'immeubles et les agents de proximité continuent leur mission. Leur rôle est essentiel dans les immeubles collectifs de la métropole lilloise où ils entretiennent les parties communes autant qu'ils sont un lien social.
Des détritus, des sacs-poubelles éventrés font le quotidien de cette équipe d'agents de proximité de la métropole lilloise. En cette période d'épidémie du coronavirus, la peur s'ajoute : "On a peur d'attraper cette maladie, le Covid-19. On retrouve beaucoup de gants jetables à terre. On peut être contaminé si eux, ils l'ont parce qu'ils peuvent être des porteurs sains. Il y a beaucoup de masques, des crachats, ...", témoigne Morad Benzine, chargé de proximité pour le bailleur LMH à Lille.
"On peut avoir de l'urine, de la merde, un peu de tout", ajoute Aurore Leplus, aussi chargée de proximité pour LMH. "J'ai deux enfants, je les mets aussi un peu en danger en venant ici parce que les gens ne disent pas s'ils sont malades ou pas. Nous, on ne sait pas. Ils vont tous les jours dans les ascenseurs, on trouve des gants, leurs mégots de cigarette, on les ramasse."
"Ça fait combien de temps que ça n'a pas été nettoyé jusqu'en haut ? ", apostrophe une habitante. Avec 15 entrée pour cette seule résidence de 300 logements, l'équipe en effectif réduit fait face aux mécontents. Mais l'agente se défend : "On est en confinement. Au lieu d'être vingt, on est dix surveillants sur d'autres secteurs", rétorque-t-elle.
Certains habitants se montrent, au contraire, reconnaissants du service rendu par les agents. À leur passage, ils brandissent des pancartes de remerciements : "Soutien à celles et ceux qui sont obligés de travailler, merci" ou un plus sobre "merci". Cette habitante salut ce "travail que peu de gens ont envie de faire." Une autre reconnaît qu'ils "touchent à tout, malgré qu'ils ont des masques et des gants."
Le bailleur a fourni très vite des équipements de protection et les agents changent de tenue chaque jour.
Les gardiens d'immeuble, vecteurs de lien social
Dans cet autre quartier, à Lys-les-Lannoy, dans le Nord, ce gardien d'immeuble travaille seul pour une trentaine d'entrée à gérer : "Je ne vais pas dire que je n'ai pas peur. J'ai une petite appréhension comme tout le monde, je pense que c'est humain. En sachant que j'ai des protections, des gants, mais que j'ai aussi des sur-gants derrière pour pouvoir les tirer pour faire autre chose, donc je me sens bien protégé."
Poignées de porte, interrupteurs, boutons d'ascenseur, rien n'échappe à son désinfectant ni à sa vigilance. Les habitants le sollicitent aussi pour régler des conflits. Il joue un rôle de médiateur : "C'est le pilier, il est respecté de tout le monde", estime une des habitantes. "Je trouve qu'il donne beaucoup de sa personne."
Le gardien reconnaît des tensions pendant cette période de confinement : "Ils sont un peu électriques, donc on essaye de temporiser tout ça. Quand ils ont envie de discuter avec moi, ça ne me dérange pas de prendre cinq minutes parce que je sais que ce n'est pas évident pour tout le monde."
Toujours attentif, il assure un vrai lien social, en particulier auprès des aînés du quartier : "Vous êtes un amour, je vous l'ai déjà dit hein ? ", conclut cette habitante, très reconnaissante.