La Coupe du monde féminine démarre pour l'équipe de France ce vendredi à 21h. On vous fait mieux découvrir la capitaine des Bleues, la Nordiste Amandine Henry.
Amandine Henry est impatiente : " Je me fais un petit film dans ma tête pour vendredi : un stade plein, une belle performance, avec de belles émotions. Je ne sais pas comment cela va se passer mais je pense que cela va être un bel événement, ancré dans nos mémoires". La capitaine des Bleues va jouer sa 1ère Coupe du monde à domicile.
Meneuse de jeu, joueuse expérimentée, leader... A 30 ans, Amandine Henry a acquis une place centrale, capitale en équipe de France. Capitaine depuis 2017, cette ch'ti sera à suivre pendant toute la compétition.
"Jouer au foot, manger, rigoler, c'est ma vie", dit-elle en rigolant. Voici son portrait en 10 points entre biographie, petites phrases et anecdotes.
1. Elle a débuté à Lille, Lomme, Lambersart, Hénin-Beaumont
Une pure ch'ti. Amandine Henry est née le 28 septembre 1989 à Lille (Nord). Et c'est dans la région, poussée par ses parents, qu'elle a débuté le foot, dès l'âge de cinq ans. D'abord à l'OSM Lomme puis à l'Iris Club de Lambersart, dans la métropole lilloise.
A cette époque, Amandine Henry jouait dans des équipe de garçons. Sur la photo ci-dessous, elle est la seule fille dans l'équipe des benjamins lambersartois. «Nos adversaires se disaient toujours en nous voyant arriver : “Ah, c’est l’équipe de la fille”, et au bout de trente secondes, en voyant son toucher de balle, ils comprenaient, explique à l'Equipe magazine Corentin Mazelié, un de ses partenaires de l'époque.
À dix ans, on lui a refusé l'entrée au LOSC parce qu'elle est une fille. Mais Amandine Henry a quand même évolué avec des garçons jusqu'à ses 13 ans, notamment à Hénin-Beaumont. "Certains de mes coéquipiers de l’époque sont devenus des amis que je revois toujours", explique-t-elle dans un entretien à Marie-Claire.
A 15 ans, elle est entrée au centre de formation du football de Clairefontaine. C'est là que sa vie a basculé. Vers le foot pro et l'équipe de France.
2. On la surnomme Didine ou Mandy
Didine, c'est le surnom le plus courant d'Amandine Henry. Son deuxième prénom est Chantal comme elle le révèle dans cette vidéo de Konbini. Elle a aussi joué une saison aux Etats-Unis où on l'appelait Mandy.
3. Elle n'aime pas l'expression "Garçon manqué"
Amandine Henry affirme aujourd'hui que, plus jeune, elle se considérait comme un "garçon manqué". « Je mettais des choses amples pour ne pas montrer ma féminité et rester acceptée des garçons », affirme-t-elle. Une expression qu'elle n'aime pas du tout, avec le recul : "On est avant tout des femmes. On est coquettes. C'est une force" , disait-elle récemment sur France Inter.
#EXTRAIT
— téva (@tevalachaine) 22 mai 2019
« Je mettais des choses amples pour ne pas montrer ma féminité et rester acceptée des garçons », @amandinehenry6 capitaine de l'@equipedefrance se confie sur ses débuts ⚽??
? Dans le secret des Bleues, documentaire inédit demain à 20:50@FIFAWWC #FiersdetreBleues pic.twitter.com/axrMRuM2yo
4. Elle a un palmarès incroyable mais...
6 ligues des champions, 12 titres de championne de France, 7 coupes de France. Amandine Henry a l'un des palmarès les plus fournis du foot féminin et même du sport français.
Encore cette année, elle a remporté avec son club, l'Olympique lyonnais, 3 titres : Championnat de France, Coupe de France, Ligue des champions...
Amandine Henry vise maintenant le titre suprême qui lui manque. La Coupe du monde avec l'équipe de France. "Il me faut un titre. C'est bien d'avoir des sélections mais si t'as pas le trophée ou la victoire au bout... C'est bien mais j'ai envie que ce soit très bien ! Ce serait l'apothéose."
5. Elle est devenue lyonnaise
Amandine Henry est une ch'ti désormais considérée comme une Lyonnaise. Elle y joue depuis 2007, avec deux courtes interruptions : une saison à Portland (Etats-Unis) et une saison au PSG.
Amandine Henry rend d'ailleurs régulièrement hommage au président Jean-Michel Aulas, qui a investi dans le foot féminin : « C’est quelqu’un de très généreux, il nous a toujours mis sur un pied d’égalité avec les garçons. Il est très présent, son investissement financier et moral est immense avec nous. On lui doit tout et il nous voit sur un piédestal. On fait tout pour le lui rendre sur le terrain. »
6. Elle a été mise à l'écart de l'équipe de France pendant 2 ans
Amandine Henry est aujourd'hui la capitaine des Bleues. Un pilier. Une pièce maîtresse. Mais cela n'a pas toujours été le cas. Au début des années 2010, elle a vécu une mise à l’écart de deux ans et demi en équipe de France. L’ancien sélectionneur Bruno Blini estimait que la joueuse "ne collait pas avec le projet de vie des Bleues". Elle se serait brouillée avec une autre joueuse.
Elle a loupé les Jeux olympiques en 2012 avant de faire son retour pour l'Euro 2013. « Aujourd’hui, Amandine prouve que certains se sont trompés à son sujet, qu’ils auraient du lui faire confiance. Il y a de l’amertume, mais il faut faire avec », raconte son père Yves.
En 2015, elle se révèle au grand public. Ballon d'argent du Mondial au Canada, meilleure joueuse européenne selon l'UEFA, Amandine Henry devient incontournable : « Au milieu de terrain, en Europe, et même dans le monde, il n'y a pas mieux qu'elle », résume David Vanlerberghe, qui fut son premier coach à Lomme, dans le Nord.
7. Elle adore Zizou
"Je ne regardais pas forcément des vidéos pour lui ressembler, mais ce qu'il dégageait, c'était très beau." Amandine Henry est une fan de Zinedine Zidane. Un destin qui la fait rêver, elle qui est aussi capitaine et meneuse de jeu. Est-ce un rêve de voir le Mondial-2019 féminin connaître le même dénouement que le Mondial-1998 masculin devant le public français ? "Oui forcément ! Je suis de la génération 1998, j'ai de beaux exemples en tête, notamment Zinédine Zidane",
"On a envie de vivre les mêmes émotions", a-t-elle ajouté. Pour l'instant c'est un rêve éveillé mais il ne va pas falloir rêver mais être présente !"
8. Elle vit bien de son métier mais...
Les salaires, les inégalités hommes-femmes, le féminisme... Sur le sujet, Amandine Henry est militante mais aussi consciente de sa chance : "Footballeuse ça n’existait pas, c’était des contrats fédéraux et il fallait travailler à côté. Un jour, le contrat professionnel est né pour les féminines et voilà je suis tombée dans la bonne période", explique-t-elle.
Les salaires les plus élevés dans le foot féminin tournent autour de 30 000 euros. Et de nombreuses joueuses de D1 féminine gagnent autour de 2000 euros. Très loin des salaires du football masculin. Mais Amandine Henry est aussi une pionnière : "J'ai conscience que dix ans plus tôt, je n'aurais jamais pu devenir professionnelle, tout simplement parce que ça n'existait pas." Le statut de semi-professionnel n'est autorisé pour les joueuses que depuis 2009 en France.
Et il y a encore énormément d'inégalités : les champions du monde 2018 se sont partagés environ 11 millions d'euros de primes après leur succès en Russie. Les filles devront se contenter de dix fois moins en cas de victoire. "Je ne pense pas qu’un jour, une femme gagnera autant qu’un homme dans le foot. C’est démesuré, analyse-t-elle, lucide. Les garçons, c’est tout un business, notamment avec les revenus médiatiques. Ils rapportent beaucoup plus aux clubs. Après je pense que nous (les footballeuses), on a la chance de pouvoir vivre de notre passion. C’est déjà quelque chose d’exceptionnel".
9. Elle assume son côté "people"
Même si on est encore loin de l'engouement autour des Pogba, M'Bappé ou Griezmann, Amandine Henry est aussi l'une des joueuses les plus connues du moment. Elle est très présente dans les médias et alimente très souvent ses réseaux sociaux. Elle n'hésite pas à mettre en scène sa vie privée : photos avec son compagnon Karim, partenariats, publicité...
Amandine Henry a également écrit un livre. "Croire en ses rêves", est paru en mai dernier. Elle y raconte comment le football a donné un sens à sa vie : "Il faut aller au-delà des clichés, s’inscrire dans un club et toujours croire en soi. Et puis montrer que le foot n’est pas fait que pour les garçons !", lance-t-elle au magazine Elle.
? S A V E T H E D A T E ?
— AMANDINΣ HΣNRY (@amandinehenry6) 18 janvier 2019
Plongez au cœur de mes rêves d’enfant le 15 mai prochain ???⚽️@RageotEditeur ? pic.twitter.com/CGEeoZS0TL
10. Elle rêve de voir le foot féminin devenir populaire
Amandine Henry est devenue une ambassadrice de son sport. Le foot féminin est aussi une cause à défendre. La médiatisation plus forte de la Coupe du monde féminine en France est très importante pour elle. "C'est un rêve de petite fille. Quand tu joues dans l'ombre, c'est frustrant. Tu fais la même chose que les garçons et eux sont plus médiatisés alors que tu fais exactement la même chose. Maintenant, à nous de prouver sur le terrain."
Militante, elle demande simplement aux supporters d'être un peu moins dans la comparaison permanente avec le football masculin : "Quand on regarde un match de tennis garçons et un match de tennis femmes, il y a moins de puissance, une femme courra moins vite qu’un garçon, ce qui est normal. On compense par la beauté du jeu, je pense que les filles ne trichent pas. On est toujours à 100%. Les retours du public c’est souvent : "Vous mouillez le maillot" ou encore "c’est agréable de vous voir jouer parce que vous êtes à fond".
A 30 ans, Amandine Henry se voit bien vivre une reconversion dans le foot, qui lui a tant donné. Pourquoi pas comme entraîneuse.