Transformer des friches polluées en espaces naturels, c'est le défi mené dans plusieurs anciens sites industriels du Nord. L'ancienne mine Chabaud-Latour à Condé-sur-L'Escaut ou la friche Kuhlmann à Wattrelos sont des modèles de biodiversité retrouvée. Un reportage de France 2.
Des friches devenues réservoirs de biodiversitéTransformer les friches industrielles en espaces naturels est devenu une priorité, particulièrement dans le Nord, région qui compte le moins d'espaces vert par habitant au mètre carré.
Pari réussi à Condé-sur-l'Escaut, près de Valenciennes. Ici, après un siècle d'exploitation minière, l'ancienne mine de charbon Chabaud-Latour a été transformée en un immense espace naturel. 350 hectares de plan d'eau, de prairies, de forêts, ds ruisseau. Un écrin de verdure exceptionnel.
"C'est une grande réussite"
Les milliers de mineurs qui descendaient au fond sont aujourd'hui remplacés par une armée pacifique d'éco-gardes. Les animaux ont également repris possession des lieux. Six espèces de batraciens ont été recensés, parmi lesquel des grenouilles vertes et des tritons, très sensibles à la pollution. "Ça veut dire que la vie a repris son cours. [...] C'est une grande réussite", affirme David Verlhest, garde des espaces naturels. Pour arriver à un tel résultat, il a fallu des années de travaux. Ils ont coûté cinq millions d'euros, financés par l'État, les collectivités et l'Europe.Un choix incroyable en plein désastre économique
600 000 arbres et 20 000 plantes aquatiques ont été plantés, avant que les oiseaux migrateurs ne s'y installent comme le héron bihoreau, particulièrement rare. Il a aussi fallu déplacer 250 000 m³ de terre, créer des étangs, aménager le gigantesque terril à 70 m d'altitude."Personne n'y a cru véritablement à l'époque, on peut vraiment être fier du travail accompli", se félicite Samuel Lellièvre, ingénieur aux Espaces naturels du Nord.
"Le maire de l'époque fait le choix incroyable pour son époque d'investir les lieux pour en faire un site naturel alors qu'on est en plein désastre économique un choix décrié par tous", Agostino Populin, fils de mineu, et adjoint au maire de Condé-sur-l'Escaut.
20 ans après, personne ne regrette l'opération randonneurs promeneurs 60 000 visiteurs par an par mieux les anciens mineurs et leurs descendants.
Réservoir de biodiversité sur l'ancienne friche Kuhlmann
Même succès à Wattrelos, sur l'ancienne friche Kuhlmann. Les 47 hectares de l'usine de phosphates, ultra polluante, a là aussi laissé la place à la nature et la biodiversité retrouvées.Mais avant de reverdir le site et de créer une zone humide, il a fallu enterrer et confiner la pollution. Onze millions d'euros ont été investis et dix ans de travaux nécessaires.
La pollution contenue en sous sol
"Aujourd'hui, la pollution est contenue dans le sous-sol et toutes les couches superficielles sont étanches," explique Quentin Priet, gestionnaire des Espaces naturels Lille Métropole. "Donc, ce qui se passe au-dessus n'a plus aucun contact avec ce qui se passe en dessous. La pollution est bloquée et prisonnière et on a installé une couche vivante de bonne qualité par-dessus tout ça."Les résultats sont là : des libellules, des foulques, des lapins.
Dans le Nord, 5000 hectares de friches industrielles ont déjà été rendus à la nature dans des sites qui chaque jour s'ouvrent un peu plus au public.
