Pour la sénatrice de l'Oise, "ce n'était pas [le] rôle" du Premier ministre de statuer sur l'utilisation dans les textes officiels de cette écriture qui remet en question la neutralité du masculin dans la langue française.
La sénatrice socialiste de l'Oise, Laurence Rossignol, a réagi mercredi à la décision d'Edouard Philippe d'exclure des textes officiels l'écriture dite inclusive, un ensemble de méthodes typographiques et lexicales destiné à assurer la représentation des femmes dans la langue française. L'ancienne ministre des Droits des femmes, des Familles et de l'Enfance a estimé que "ce n'était pas son rôle" de statuer en la matière.
"J'ai été très étonnée qu'un Premier ministre intervienne par le biais d'une circulaire administrative dans un débat qui est un débat entre linguistes", a-t-elle déclaré au micro de France Inter. Le chef du gouvernement a demandé mardi à ses ministres de ne pas utiliser officiellement cette écriture. Une circulaire, "relative aux règles de féminisation et de rédaction des textes publiés au Journal officiel de la République française", a été également publiée mercredi.
Un débat brûlant
L'élue s'est dite étonnée par l'ampleur du débat. "Cette affaire de l'écriture inclusive a remobilisé ceux qu'on avait entendu à l'époque des ABCD de l'égalité, de la théorie du genre, a-t-elle poursuivi. Ils considèrent qu'à un moment on va toucher à l'identité même de notre société, comme si la fin de l'espèce était programmée par la féminisation de nos sociétés."
La polémique s'est accélérée depuis début novembre, date à laquelle est parue une tribune sur le site Slate. Plus de 300 professeurs « de tous les niveaux » s'y déclarent prêts "à cesser d’enseigner la règle de grammaire résumée par la formule “le masculin l’emporte sur le féminin” ». L'écriture inclusive propose d'autres formes d'accord en genre, mais aussi de féminiser les noms de professions (auteur, médecin, etc.) ou encore d'ajouter une marque du féminin au pluriel (les ami(e)s).