76% des femmes utilisent un moyen contraceptif en France... Encore faut-il que ce soit le bon, adapté à la situation. Pour cela, il faut en parler, ce qui implique parfois de briser un tabou. C'était le cas à l'hôpital d'Amiens à l'occasion de la journée mondiale de la contraception.
Pas facile de savoir quel contraceptif utiliser... Selon les âges et les modes de vie, le moyen de contraception est supposé varier. Mais ce n'est pas toujours le cas. Parfois parce qu'en parler reste difficile, malgré les nombreuses campagnes d'information et de sensibilisation.
Un reportage de Zohra Hamdane, Arnaud Wust, et Pascal Ngankam avec Elodie Debeauvais, infirmière en gynécologie au CHU d'Amiens ; Jean Gondry, chef de service gynécologie-obstétrique-planification ; ominique Dorival, psychologue clinicienne au centre de planification familiale
La contraception est très répandue en France : 41% des femmes utilisent la pilule, 26% un stérilet et 18,5% une autre méthode. Malgré tout, chaque année, 210 000 femmes avortent en France, selon les statistiques du ministère de la Santé.
Mieux informer c’est aussi lutter
En janvier dernier, le magazine féminin Causette faisait remarquer à la ministre de la santé sur Twitter qu’un site anti-avortement était mieux référencé sur Google que le site du ministère. Depuis, Laurence Rossignol, ministre des Familles, a promis des "mesures" contre les sites anti-IVG parlant d’un "délit d’entrave numérique". Et c’est bien le portail officiel du gouvernement sur l’avortement qui arrive désormais en tête sur Google.
Une chose est sûre, les mentalités ont évolué : lors du vote de la loi Veil, autorisant l’IVG en 1975, moins d'un Français sur deux y était favorable contre trois sur quatre aujourd'hui.
Grâce à l’anonymat, pas de tabou
De même, le gouvernement a développé un site "Choisir sa contraception" destiné à informer de la manière la plus complète possible. L’ensemble des méthodes contraceptives y sont détaillées.
Dans la même volonté que la campagne "la contraception qui vous correspond existe" lancée en 2015, le site vise à rendre accessibles, notamment aux jeunes, les réponses aux questions qu'ils n’osent pas forcément poser à leur entourage ou à leur médecin.
La pillule de moins en moins populaire
Une manière, aussi, d’encourager à se tourner vers une alternative à la contraception chimique, après l’affaire des pillules de 3e et 4e génération, qui accroissent les risques d'accident thrombo-embolique. La tendance est aussi à recourir à des moyens plus naturels. Si 41% des femmes utilisaient la pillule en 2013 contre 50% en 2010, ce chiffre est en baisse constante. Mais implant, patch, anneau et injection de progestatifs sont encore peu utilisés (4,7 % des femmes). Ce sont les femmes âgées de 25 à 34 ans qui y ont le plus souvent recours (6,2 %).
La France reste malgré tout un pays largement favorisé. Il ne faut pas aller bien loin pour observer des régressions quant aux droits des femmes. C'est le cas en Pologne où le droit à l’avortement est actuellement en débat, alors qu’il était en vigueur sous le régime communiste avant 1990...