CRS accusés de maltraiter les migrants à Calais : Yann Moix répond à la Préfecture

Le chroniqueur d'"On n'est pas couché" sur France 2  est au coeur d'une polémique depuis qu'il a accusé des CRS de maltraiter les migrants à Calais devant Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement. Il a accepté de répondre à nos questions. 

Vos propos dans "On n'est pas couché" font polémique depuis deux jours. Vous maintenez tout ce que vous avez dit ?
Yann Moix : Votre question me surprend. Vous vous rendez compte de la gravité que ce serait pour moi dans une émission vue par plus d'1,5 millions de téléspectateurs de rapporter des "on dit" ou de mentir. Ce serait gravissime. 

Tout ce que j'ai dit, je l'ai vu. Et je l'ai filmé. 
Je n’ai comme argument que ce que j’ai vu. Je ne me serais jamais permis de parler de quelque chose comme ça sans l'avoir vu et vécu. J'ai vu des CRS gazer des couvertures, gazer de l'eau potable, tabasser des migrants. J’ai vu des choses d’une violence incroyable. Je les ai filmées. 

Pourtant, la Préfecture du Pas-de-Calais a publié des tweets pour démentir en bloc vos propos. Ils ont parlé de "fake news".
YM : Vous avez remarqué qu'ils ont publié une quinzaine de tweets pour démentir. Quand vous avez besoin de répondre en 15 fois, c'est étrange. Une fois suffit. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de choses positives qui se passent à Calais ou que l'Etat ne fait rien. Ni que les migrants sont des saints. Quand des douches ont été installées, j'ai applaudi. Je ne mets pas non plus tous les CRS dans le même panier. Je dis simplement que ce que j’ai dans la boîte, je n’ai pas pu l’inventer.

Si ce que je dis est faux, qu'ils m'attaquent en justice. Mais quelque chose me dit qu'ils ne le feront pas. 


Aujourd'hui, je suis seulement préoccupé par ce qui se passe à Calais. Je ne pensais pas que ça allait prendre cette ampleur. Ce que j'ai dit, je l'avais déjà dit quand Gérard Collomb est venu dans l'émission il y a quelques semaines. J’avais dit exactement la même chose dans une chronique dans Libé mais ça avait fait pschitt. J'avais aussi invité à un membre de l'association Utopia 56 il y a 3 mois et on avait parlé de tout ça. Je ne sais pas pourquoi, cette fois, ça pris cette ampleur.


Benjamin Griveaux vous a aussi répondu que vous devriez montrer vos images, les donner à la justice.
YM : Mon but n’est pas de produire des preuves. Je suis quand même un peu étonné. N’importe quel citoyen français peut se rendre à Calais et voir ce que j'ai vu. Que Benjamin Griveaux aille à Calais. 

Demander à la justice de trancher, cela pourrait être un geste citoyen aussi
YM : Pourquoi ce serait à moi de fournir des preuves ? Qu'il aille voir les associations, elles lui donneront toutes les preuves.
Vous dites dans l'émission que vous vous rendez régulièrement à Calais depuis plusieurs mois. Dans quel but ?

YM : Je prépare un film pour Arte. Il sera probablement diffusé en mai prochain. J'y vais toutes les semaines et même plusieurs fois par semaine parfois. Là, je n'y suis pas allé depuis un mois. Mais je vais y retourner. J'ai déjà 80 heures de rush. 



Pourquoi ce film ?
YM : Mon but, c'est simplement de montrer ce qui se passe à Calais. C'est une sorte de cosmos hors du monde. Un endroit d'une grande complexité. Je n'y suis pas arrivé en jugeant ou en me disant "Il y a des méchants et des gentils". Je donne la parole à tout le monde. J'ai rencontré des CRS très humains, qui font bien leur travail; des migrants violents, désagréables, inquiétants mais aussi des CRS très "limite" et des migrants extraordinaires. Je vais donner la parole à tout le monde. Je veux montrer tout ce qui se passe là-bas. 



Ce que Yann Moix a dit dans "On n'est pas couché"
« J'y passe régulièrement des jours et des nuits depuis quelques mois. Ce que je vois de l'honneur de la République, monsieur Griveaux, ce sont des CRS qui gazent les couvertures de jeunes migrants de 18 à 25 ans, qui gazent l'eau potable de jeunes migrants, qui tabassent les jeunes migrants qui sont soignés effectivement gratuitement par l'État parce qu'ils ont été frappés par la police la veille», a affirmé ce samedi soir dans ONPC Yann Moix devant Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement. « Si l'honneur de la République est de frapper des enfants à coups de matraque et de gazer l'eau potable, monsieur Griveaux, et d'utiliser des termes comme kyste ou enkyster, je n'appartiens pas à la même République que vous », a-t-il poursuivi.

La préfecture du Pas-de-Calais lui a répondu sur Twitter pendant l'émission en parlant de #fakenews. Benjamin Griveaux, sur le plateau d'"on n'est pas couché" a conseillé à Yann Moix de « confier ces images à la justice, plutôt que de faire justice sur un plateau de télévision ». Il a également estimé que ces comportements, « s'ils étaient avérés », étaient « inadmissibles ».
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